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L’écriture du bordereau est-elle une écriture à main courante ou faite de mots rapportés ?

M. Teysonnières. — L’écriture est faite de mots à main courante, ainsi que dans les pièces de comparaison : chacun a son écriture!…

Me  Labori. — Le bordereau a-t -il été écrit par quelqu’un d'une main courante et naturellement, ou est-il fait de mots rapportés sur une écriture, soit celle de l’auteur, soit celle d’un autre?… Cela ne comporte pas de bien longues explications

M. Teyssonnières. — Chacun a son écriture à soi

Me  Labori. — C’est entendu.

M. Teyssonnières. — Eh bien ! si je trouve que l’écriture du bordereau m’offre les mêmes particularités que celle des pièces de comparaison et que je sois appuyé par des tics, des habitudes, enfin, ces choses qui font la conviction de l’expert, je suis bien obligé de dire que c’est de la même main, que les mots soient écrits en saccades, en mots hachés... Je n’ai pas parlé de cela dans mon rapport; vous me posez là une question que je ne me suis pas posé moi-même : je n’ai pas dit que c’étaient des mots découpés.

Me  Labori. — Nous ne pouvons pas demander au témoin des renseignements sur une expertise faite par un autre expert…

M. Teyssonnières. — Je n’en ai pas parlé dans mon rapport voila ce que je puis dire.

Me  Labori. — Voici ce que je demande au témoin : L’écriture du bordereau est-elle une écriture naturelle et courante ou une écriture faite de mots rapportés et calqués? C’est clair… Oui ou non?

M. Teyssonnières. — Je répète : je trouve dans le bordereau les mêmes irrégularités d’écriture que je trouve sur les pièces de comparaison. Quant à moi, je n’ai pas constaté du tout qu’il y eut ni coupure, ni hachure, ni rien de ces choses-là.

Me  Labori. — L’écriture du bordereau est-elle l’œuvre naturelle de la personne qui l’a écrit, quelle qu’elle soit? Voilà ma question.

M. Teyssonnières. — Oui.

Me  Labori. — Est-ce une écriture déguisée ?

M. Teyssonnières. — Non.

Me  Labori. — Le témoin voudrait-il écouter la phrase que voici :

Il y a des dissimulations, mais l’écrivain supposait déguiser son écriture en employant, dans les trente lignes de cette missive, toutes sortes de variétés, alors qu’il ne faisait que reproduire toutes ces variétés dont il avait l’habitude de se servir, selon les fantaisies du jour, de l’heure, auxquels il écrivait...

M. Teyssonnières. — C’est ce que je dis... L’écriture varie selon l'heure, le jour, l’heure où l’on écrit, suivant les disposi-