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rapport ne convainquait personne... enfin, il faisait des insinuations qui indiquaient très bien qu’il désirait que j’exprime un doute sur mon premier rapport.

Me  Labori. — Ce M. Crépieux-Jamin, nous ne le connaissons pas.

M. Teyssonnières. — Sous la foi du serment, j’ai, pendant trois ou quatre jours, été travaillé dans ce sens par M. Crépieux-Jamin.

Me  Labori. — M. Grépieux-Jamin était-il mandataire de quelqu un? A-t -il agi en vertu d’un ordre ou à l’instigation de quelqu’un?

M. Teyssonnières. — Je l’ignore.

Me  Clémenceau. — Vous vous êtes laissé masser pendant quatre jours par cet intermédiaire qui venait vous acheter?

M. le Président. — Le témoin a dit que c’était petit à petit pas tout d’un coup.

M. Teyssonnières. — Comme avec une vrille...

Me  Clémenceau. — Je demande quel jour la vrille est entrée, pour me servir de l’expression du témoin?

M. Teyssonnières. — Dès le premier jour.

Me  Clémenceau. — J’avais raison de dire que le témoin a continue a se laisser soigner par M. Crépieux-Jamin, alors qu’il pensait que celui-ci venait l'acheter.

M. Teyssonnières. — Je vais m’expliquer. Il est certain que le premier jour, il y a des insinuations auxquelles on ne fait pas attention et qu’on ne peut s’expliquer, parce qu’on ne peut s'imaginer qu’un ami vienne en traître chez vous; je n’ai pas l'esprit si mal fait que cela. Le premier jour, ce fut une question, le second ce furent deux, puis trois questions, mais le quatrième jour, la question fut posée plus carrément : c’est alors qu’il comprit qu'il n’avait qu’à s’en aller. Cela se passait à huit heures du soir.

Me  Clémenceau. — Je voudrais en sortir par un oui ou par un non (Clameurs). Le tapage de la salle prouve que j’ai raison de poser la question. Le témoin, sous la foi du serment, peut-il affirmer qu’on lui a proposé de l’argent pour le faire changer d'avis?

M. le Président. — Le témoin vient de répondre.

Me  Clémenceau. — Je veux, monsieur le Président, que vous posiez la question ou que vous refusiez de la poser.

M. Teyssonnières. — Je ne peux répondre ni oui, ni non; on m'a insinué tout doucement que je pouvais avoir des doutes, qu’il pouvait y avoir des erreurs dans mon premier rapport. Je n'avais que le droit qu’a un expert de n’être pas de l’avis d’un autre expert. Je ne vois pas en cela un crime. Voilà pourquoi je n’ai pas flanqué M. Crépieux-Jamin et sa femme à la porte; on peut n’être pas de la même opinion et rester bons amis.

M. le Président. — Arrivez au fait.

M. Teyssonnières. — Quand le 24 août, le dernier jour, il m'a posé nettement la question : « Quelle somme avez-vous