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M. Teyssonnières. — Le 24 août 1897.

M. Zola. — Pourquoi faire, pour un rapport qui avait été déposé depuis 1894? Pourquoi offrait-on de l’argent?

Me  Clémenceau. — Je voudrais faire préciser ce qu’on aurait dit au témoin. C’est en 1897 qu’on lui a commencé cette phrase qu’il vient de rappeler, mais on ne lui aurait rien dit de plus?

M. le Président. — Le témoin a dit qu’il a répété exactement.

Me  Clémenceau. — Le témoin peut-il, sous la foi du serment, affirmer qu’on lui a offert de l’argent pour lui faire changer ses conclusions, comme disait M. le Président?

M. Teyssonnières. — Je ne puis rien ajouter à ce que j’ai dit : « Quelle somme avez-vous touchée pour votre expertise ? » — « Deux cents francs. » — « Cela pouvait vous rapporter cent — mille...! » — il me semble que j’ai coupé le mot mille en deux... Mais il faut voir les précédents. M. Crépieux-Jamin avait toujours constaté et j’ai ici trois lettres de lui — M. Crépieux-Jamin avait toujours été de mon avis. Je suis obligé de dire qu’après l’interpellation de M. Castelin, en novembre 1896, M. Crépieux-Jamin m’a écrit la lettre suivante : « Bravo, bravissimo, vous êtes un brave homme; s’il n’y avait sur la terre que des hommes de cœur et de courage comme vous... » — cela m’ennuie à dire — « la terre serait un paradis. »

Voilà, Messieurs, quelle a été l’opinion de M. Crépieux-Jamin relativement à cette affaire! Puis, tout d’un coup, il vient me dire : « Votre rapport ne vaut absolument rien, votre rapport ne convainc personne! »

Me  Clémenceau. — Le témoin peut-il, sous la foi du serment, répondre à cette question : Lui a-t-on offert de l’argent pour changer ses conclusions premières?

M. Teyssonnières. — Je n’ai pas laissé finir. Mais, depuis trois jours, on me conduisait à me faire exprimer des doutes, car on ne pouvait pas espérer que j’allais revenir...

Me  Clémenceau. — Oui ou non, lui a-t -on proposé de l’argent pour le faire changer d’opinion?

M. Teyssonnières. — J’ai raconté la chose sténographiquement et je ne peux pas dire autre chose.

Me  Labori. — D’abord le témoin ne dit pas qu’on lui ait offert de l’argent et, comme il n’y a pas moyen d’obtenir de lui un oui ou un non, passons à autre chose.

Est-ce que M. Crépieux-Jamin lui parlait au nom de quelqu’un?

M. Teyssonnières. — Non.

Me  Labori. — Avait-il qualité pour lui parler au nom de quelqu’un?

M. Teyssonnières. — Je n’en sais rien.

Me  Labori. — Lui a-t-il demandé de faire quelque chose?

M. Teyssonnières. — Il ne m’a pas demandé de faire quelque chose. Telle qu’il me posait la phrase, il semblait m’indiquer que je m’étais trompé dans mon premier rapport, que mon