Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée

de cette audience; mais j’ai réfléchi et je me suis dit: Je n’ai pas à référer de choses qui ne regardent que moi. C’est au Ministre de la guerre à me retirer ses clichés.

Me  Clémenceau. — Je ne tire pas de conclusions, je veux seulement constater des faits. Quand M. Bertillon nous a proposé samedi de consulter ses supérieurs hiérarchiques, la défense a fait remarquer combien il était curieux qu’on consultât, sur une question intéressant la défense, le Ministre de la guerre qui nous poursuit dans ce procès. Aujourd’hui, M. Bertillon nous a dit qu’il avait réfléchi et qu’il n’avait pas vu le Ministre de la guerre.

M. le Président. — Je n’ai pas à apprécier la réponse de M. Bertillon.

Me  Clémenceau. — Je n’apprécie pas non plus, monsieur le Président. Je constate, voilà tout!

M. le Président, à Me  Labori. — Avez-vous d’autres questions à poser au témoin ?

Me  Labori. — J’en ai beaucoup. Puisque nous ne pouvons pas obtenir de M. Bertillon spontanément des explications, je vais essayer de lui poser des questions successives qui nous apporteront, non pas la lumière complète, mais la lumière partielle, à laquelle il faut se résigner dans cette affaire.

Monsieur le Président, voulez-vous demander à M. Bertillon. après en avoir pris connaissance vous-même, si le petit travail que je vais lui montrer est, cette fois, la représentation exacte des bastions, retranchements et lignes de bataille qu’il a présentés au Conseil de guerre après son expertise en écritures? (Me  Labori présente au Président un nouveau fac-similé du diagramme qui est reproduit, tome II, aux Annexes.)

M. le Président. — Maître Labori, voulez -vous nous expliquer ce que c’est que cette pièce?

Me  Labori. — J’ai remis, à l’audience d’avant-hier. un petit travail à M. Bertillon.

M. le Président. — Voulez-vous nous expliquer en quoi consiste ce travail, maître Labori?

Me  Labori. — C’est l’explication à laquelle je voudrais arriver. J’en ai seulement deux exemplaires, je voudrais les faire passer à MM. les jurés en demandant que l’un des deux me soit retourné après examen, parce que je n’en ai pas d’autre.

Je dis maintenant ce que c’est: samedi dernier, j*ai eu l’honneur de faire passer sous les yeux de M. Bertillon un petit dessin que M. Bertillon a reconnu comme exact au point de vue de l'aspect général, mais dont il a contesté l’exactitude au point de vue des détails; on aurait oublié certains points et certaines écritures. Or, j’ai pu, par une bonne fortune, me procurer pour l’audience d’aujourd’hui un dessin qui est, m’affirme-t on, le dessin exact, même comme dimensions, de la pièce qui a servi à M. Bertillon pour la démonstration de ses conclusions dans son expertise.

M. le Président. — Voulez- vous avoir l’obligeance, maître