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neuf pièces, — je ne me souviens plus exactement du nombre, — dont une très importante, ayant un caractère extra-confidentiel, si vous voulez même, extra-secret.

Je fis un bordereau de ces pièces, je pris copie de quelques-unes, et je remis le tout au colonel Sandherr.

C’était, comme je vous le disais tout à l’heure, messieurs les jurés, au mois de novembre 1894.

Le colonel le prit, le garda environ un mois. Vers le 15 ou le 16 décembre 1894, le colonel vint me trouver et me dit: « Voilà votre dossier! »

Ah, pardon ! avant, il y a un détail important que j’oubliais.

Lorsque je remis le dossier au colonel Sandherr, je lui fis remarquer qu’une pièce secrète, pièce importante dont je vous parlais tout à l’heure, messieurs les jurés, ne devait pas sortir du bureau sans que nous en ayons la copie ou la photographie. Il me répondit: « J’en fais mon affaire, je ferai faire des photographies. »

Il a fait faire deux ou trois photographies —je ne me souviens plus exactement du nombre, dans tous les cas deux ou trois — et, comme je vous le disais tout à l’heure, il me remit le dossier le 15 ou le 16 décembre 1894.

J’appelle votre attention sur cette date, messieurs les jurés, parce qu’on a fait à ce dossier une légende, et je tiens à rétablir son histoire.

Puis, le 16 décembre, j’ai repris le dossier, sans faire le dépouillement des pièces qui s’y trouvaient; j’ai remis le tout dans une enveloppe: la fameuse enveloppe dont je parlais tout à l’heure, sur laquelle j’ai écrit au crayon bleu: « Dossier secret »; dans un coin de l’enveloppe, la lettre D, et, au verso, après avoir collé l’enveloppe, mon paraphe ou presque ma signature, au crayon bleu.

J’ai remis ce dossier dans le tiroir de mon armoire secrète et il n’en est plus sorti qu’au moment où le colonel Picquart l’a demandé à M. Gribelin, c’est-à-dire — il se souviendra mieux de la date que moi, j’étais en permission — à la fin d'août ou au commencement de septembre 1896; voilà l’histoire de ce dossier.

Il faut vous dire que, lorsque le colonel Sandherr m'a remis ce dossier, le 16 décembre 1894, je lui ait dit: « Mais comment se fait-il que vous n’ayiez plus besoin de ce dossier-là ? »

Il m’a répondu : « J’en ai un plus important, et je vais vous montrer une lettre de ce dossier. »

Il m’a fait voir une lettre, en me faisant jurer de n’en jamais parler. J’ai juré. Il m’a montré une lettre plus importante encore que celles du dossier. Il m’a dit: « J’ai avec cela quelques documents, mais je les garde par devers moi, et je m’en servirai si besoin est. »

Je n’ai plus jamais entendu parler de ce second dossier; jamais le colonel ne me l’a remis.

Voilà l’histoire du dossier : quant à l’autre, je ne sais pas ce