Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/370

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donné des indications à cette époque, car, c’était un officier qui avait très bien fait son service jusque-là, et qui est susceptible de le faire très bien dans l’avenir, s’il le veut. Je n’avais jamais voulu proposer une mesure exagérée contre lui; on l’a donc envoyé en mission, et, après sa mission, on l’a, conformément aux ordres du ministre, attaché au 4e tirailleurs, de façon à ce que, après avoir changé le cours de ses idées, j’espérais, et nous espérions tous, qu’il se mettrait au service des troupes, comme je le lui ai écrit, qu’il reprendrait pied et redeviendrait ce qu’il avait été toujours, c’est-à -dire un bon officier.

Lorsque cette campagne à laquelle nous assistons aujourd’hui est devenue si active et si virulente, nous avons cherché de nouveau dans quelles conditions tout cela s’était passé, et c’est à ce moment-là — je ne sais pas exactement la date, attendu que je n’ai pas fait d’enquête judiciaire ni aucune espèce d’enquête officielle — que j’ai recherché d’où pouvaient provenir toutes les responsabilités. C’est à ce moment-là que j’ai appris tous les faits relatés ici; quant aux dates, je ne puis pas vous les dire.

Me Labori. — Je désirerais que M. le colonel Picquart s’expliquât sur la première partie de la réponse de M. le général Gonse et sur la nature exacte des rapports qui ont eu lieu entre eux au moment où s’échangeait la correspondance que la Cour et le jury connaissent. Je voyais tout à l’heure M. le colonel Picquart qui me semblait éprouver le besoin de dire certaines paroles lors de diverses explications que donnait M, le général Gonse. C’est ce qu’il voulait dire à ce moment-là que je le prie de dire maintenant.

M. le colonel Picquart. — Voici: le général Gonse disait qu’on m’avait chargé d’une mission et qu’on pensait qu’à la suite de cette mission, je pourrais rentrer dans la troupe. Il disait que cette mission était faite pour m’arracher à ce qu’il appelait l’hypnotisme qui me hantait, selon lui. Je ne puis pas entrer dans les détails de mon service, il ne m’appartient pas surtout de faire ressortir quelles sont les améliorations qui y ont été apportées à l’époque dont parle le général Gonse; mais il y a des choses très importantes et des résultats extrêmement importants qui ont été obtenus justement pendant la période durant laquelle je ne m’occupais que d’une affaire unique, paraît-il!

Ensuite, le général Gonse dit que, pour changer le cours de mes idées, on m’avait envoyé en mission. Je sentais si bien que je n’étais plus en communauté d'idées avec mes chefs, et qu’il fallait changer tout à fait de direction, que j’ai supplié le général Gonse, dans une lettre du mois de janvier, de me faire passer entièrement dans la troupe et de ne plus me donner de mission, puisque, à ses yeux, je n’étais plus capable de remplir un service d’Etat-major. Le général Gonse ne l’a pas voulu. Dans une lettre très affectueuse, comme toutes celles qu'il m’a écrites. il me disait qu’après ma mission, je rentrerais dans la troupe, mais qu’il fallait continuer ma mission. Je l’ai continuée toujours