Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/334

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déchirures?» — Vous m’avez répondu : «C’est pour pouvoir le dire là-haut,» là-haut signifiant l’Etat-major.

M. le colonel Picquart. — Je n’ai pas dit cela dans ces termes-là.

M. le commandant Lauth. — Moi, je certifie les termes.

M. le colonel Picquart. — Je vous ai dit: «C’est pour que l’on croie...»?

M. le commandant Lauth. — Mais tous ceux auxquels le colonel Picquart avait à les soumettre, les connaissaient depuis longtemps, il n’y avait pas à les cacher; cela ne pouvait être soumis qu’à des personnes qui ne les connaissaient pas.

M. le colonel Picquart. — Et les officiers d’ordonnance du Ministre qui voient les dossiers, qu’est-ce qu’on en dit?

M. le commandant Lauth. — Cela, c’est l’affaire du Ministre.

M. le colonel Picquart. — J’avais le droit de prendre toutes précautions pour éviter certaines indiscrétions.

Me  Labori. — Puis-je poser certaines questions, monsieur le Président?

M. le Président. — Je n’ai pas encore fiai, laissez-moi terminer.

(Au colonel Picquart) Quand vous avez commencé l’instruction de l’affaire Esterhazy, n’avez-vous pas fait de nombreuses perquisitions chez lui?

M. le colonel Picquart. — Non, j’ai raconté ce qui était arrivé un jour; cela n’a pas été fait une autrefois. Je crois bien avoir dit qu’une fois un agent était entré chez le commandant Esterhazy; que l’appartement était à louer à ce moment, et qu’il était entré de la façon que j’ai dit.

M. le Président. — Il est entre et il aurait fait lui-même la perquisition?

M. le colonel Picquart. — Mais non, il ne m'a jamais rien rapporté.

M. le Président. — Mais, M. le général de Pellieux...

M. le colonel Picquart. — Le général de Pellieux a rapporté ce qu’a dit le commandant Esterhazy au Conseil de guerre.

M. le Président, après avoir appelé le général de Pellieux à la barre. — Monsieur le général de Pellieux, pouvez-vous nous donner des renseignements sur cette perquisition dont vous nous avez parlé hier, qui avait été si importante que vous nous avez dit que c’était un véritable cambriolage?

M. le général de Pellieux. — Le colonel Picquart lui-même m’a avoué qu’un agent envoyé par lui était entré. Eh bien! je me demande ce qu’il allait faire dans l’appartement; je pense qu’il va me dire qu’il allait le louer.

M. le colonel Picquart. — Il me semble que j’ai expliqué la chose. Cet agent ne m’a pas rapporté autre chose qu’une carte sur laquelle il y avait quelques mots; je lui ai fait reporter la carte; je n’ai jamais eu autre chose.

M. le Président, au général de Pellieux. — Général, êtes-vous entré dans l’appartement ?