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on ne poursuit pas M. le colonel Picquart de ce chef, c’est que la question n’est pas discutée.

Est-ce que M. le colonel Picquart a été, à cet égard, jusqu’à présent, l’objet d’une information, d’une poursuite quelconque?

M. le colonel Picquart. — Pas que je sache.

Me  Labori. — cela me suffit.

M. le colonel Picquart nous a dit qu’il avait recueilli des renseignements extrêmement défavorables sur M. le commandant Esterhazy au cours de son enquête, enquête — je prie MM. les jurés de le retenir — qu’il faisait alors comme chef du service des renseignements, comme soldat, comme homme d’honneur.

M. le colonel Picquart nous a dit qu’il avait recueilli des renseignements défavorables ? Voudrait-il être assez bon pour les préciser ?

M. le colonel Picquart. — Il y en avait de diverses natures. Il y avait d’abord ceux relatifs à la situation pécuniaire: le commandant Esterhazy avait eu des affaires d’argent qui n’étaient pas très claires. Je ne peux pas entrer dans des détails; c’est l’instruction qui aurait dû relever tout cela.

Quoi qu’il en soit, il y avait une histoire de loyer de maison qui n’avait pas été payé, à Courbevoie.

M. le Président. — Gela n’a aucun rapport....

Me  Labori. — Je me permets d’insister pour que les plus petits détails soient donnés.

M. le colonel Picquart.— Il y avait, en outre, une question de procès au sujet d’une maison. D’après les renseignements que m’avait donnés mon agent, dans lequel j’avais une grande confiance, Esterhazy aurait été condamné pour cela. Remarquez que je ne certifie pas; mais, enfin, il aurait été condamné au sujet d’an procès pour une maison qui lui appartient ou qui appartient à sa femme, à Paris.

Maintenant, comme preuve qu’il s’occupait particulièrement de questions d’argent, j’indique qu’il faisait partie du conseil d’administration d’une Société financière anglaise; c’est une chose qui est complètement défendue en France aux officiers.

Je l’ai signalée au commandant Ravary, qui m’a dit : «Oh! en Angleterre, cela n’a pas les mêmes inconvénients, parce qu’en France on peut être englobé dans la faillite, tandis qu’en Angleterre, on ne peut pas l’être.» Je n’ai pas très bien compris. (Rires.)

Me  Labori.— Je ne sais pas si je pose ici une question à laquelle le témoin pourra répondre. Je voudrais d’abord demander ceci: M. le colonel Picquart sait-il que M. le commandant Esterhazy a été l’objet de notes extrêmement favorables, qui ont été lues au Conseil de guerre ?

M. le colonel Picquart.— J’ai vu certaines de ces notes dans les journaux. Je les ai même lues avant le Conseil de