6° Le commandant Esterhazy n’est-il pas venu chez Mme de Boulancy, boulevard des Batignolles, et ne lui a-t-il pas fait passer, par la porte entre-bâillée, une carte de visite avec quelques lignes écrites au crayon ?
7° Ces mots ne disaient-ils pas que, si on ne lui rendait pas ses lettres, il n’aurait plus qu’à se tuer ?
8° Mme de Boulancy ne lui a-t-elle pas fait rendre sa carte de visite et le commandant Esterhazy n’a-t-il pas réitéré sa demande de vive voix et ne s’est-il retiré qu’en entendant un locataire d’un étage supérieur ?
Dit qu’il n’y a lieu de statuer sur le n° 9 desdites conclusions.
II. — En ce qui touche la demoiselle de Comminges :
1° Sait-elle qu’on a employé son nom pour écrire à M. le colonel Picquart ?
2° Gomment le sait-elle ?
3° Ne donnait-elle pas le sobriquet de Demi-Dieu à M. le capitaine de Lallemand ?
4° Sait-elle si ce mot n’a pas été employé dans un télégramme argué de faux ?
5° M. le colonel du Paty de Clam n’avait-il pas contre elle et contre sa famille des motifs de rancune ?
6° N’est-il pas à sa connaissance qu’il a eu recours en 1892 à des manœuvres très graves, notamment à l’emploi de lettres anonymes ?
7° M. Lozé, préfet de police, n’a-t-il pas été saisi de cette affaire, et M. le général D... n’a-t-il pas eu à intervenir ?
8° Enfin, M. le lieutenant-colonel du Paty de Clam n’a-t-il pas organisé, pour la restitution d’une lettre, une scène qui se passait au Cours-la-Reine et où il a fait intervenir une dame voilée ?
Dit que ces déclarations nous seront aussitôt transmises pour être par les parties conclu et la Cour statué ce qu’il appartiendra ;
Donne acte aux prévenus du désistement de leurs conclusions prises à la date du 7 février et qui avaient le même objet ;
Dit qu’il sera passé outre aux débats.
M. le Président. — Monsieur le colonel Picquart, vous aviez terminé votre déposition tout à l’heure ?
M. le colonel Picquart. — Je l’avais terminée, monsieur le Président.
M. le Président. — Maître Labori, quelles questions désirez-vous poser ?
Me Labori. — Monsieur le Président, M. le colonel Picquart voudrait-il nous dire tout d’abord — dans la mesure où il pourra le dire sans porter atteinte à ce qu’il considère comme le secret professionnel — quel est le rôle exact au ministère de la guerre du chef du bureau des renseignements ?
M. le Président, au témoin. — Pouvez-vous répondre ?
M. le colonel Picquart. — D’une façon sommaire, oui ; sans entrer dans le détail, car je ne puis pas y entrer.