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de fausses clefs, que la preuve en était dans une clef qu’on avait trouvée en plus du nombre normal, etc., etc. Je ne savais pas à ce moment d’où ce renseignement était venu au général de Pellieux ; mais, au Conseil de guerre, je l’ai su : c’étaient des renseignements donnés par Esterhazy, si bien que les renseignements qui ont été donnés hier par le général de Pellieux sont à peu près exactement les renseignements d’Esterhazy.

Il y a également une question de saisie de lettres à la poste... Mais je termine d’abord pour cette question du cambriolage : on a, dit-on, cambriolé pendant huit mois... Au Conseil de guerre, Esterhazy a dit également que cela a duré pendant je ne sais combien de temps après. Si cela a duré après, ce n’était pas ma faute, parce que je n’étais plus à Paris ; ce que je viens de dire s’est passé vers la fin d’octobre. S’il s’est passé quelque chose après, je n’en suis plus responsable.

Pour la correspondance, il a été dit que j’avais fait prendre pendant huit mois la correspondance d’Esterhazy à la poste. Le petit bleu est du mois de mai ; or, par suite d’un deuil de famille, je ne me suis livré à mes recherches d’une façon sérieuse qu’au commencement du mois de juillet. Esterhazy a quitté Paris fin août pour aller aux manœuvres ; c’aurait donc été de juillet à la fin d’août... Il est revenu à Paris quelque temps après, fin octobre ou commencement de novembre ; je ne vois pas que cela fasse huit mois.

C’est, je crois, tout ce que j’ai à dire.

(Vifs applaudissements. — Sensation prolongée).

M. le Président, aux défenseurs. — Nous allons suspendre l’audience et, si vous avez des questions à poser, vous les poserez.

INCIDENT

Me Clémenceau. — Monsieur le Président, je dépose des conclusions ; elles comprennent celles que M. le Président a bien voulu me rendre et les questions que j’y ai ajoutées :

Conclusions nouvelles à l’effet d’obtenir que Mme de
Boulancy soit interrogée par voie de commission rogatoire.
Plaise à la Cour ;

Attendu que Mme de Boulancy se trouve dans l’impossibilité, à raison de son état de santé, de comparaître devant la Cour d’assises ;

Attendu que son témoignage a la plus grande importance pour la manifestation de la vérité, autant que pour établir la bonne foi des prévenus ;

Par ces motifs,

dire que, par tel magistrat qu'il plaira à la Cour se désigner, Mme de Boulancy sera intérrigée et qu'il lui sera posé les questions suivantes :