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guère été question du commandant Esterhazy ; j’ai été obligé de me défendre à peu près tout le temps, bien qu’étant simplement un témoin. La première de ces deux séances a été consacrée à l’examen des pièces qui avaient été prises chez moi lors de la perquisition.

Cette perquisition m’a un peu étonné tout d’abord ; plus tard, j’ai compris ; elle avait été faite à la suite d’une lettre anonyme. — Il y a eu beaucoup de lettres anonymes dans cette affaire ! — La perquisition a été faite à la suite d’une lettre anonyme, adressée au général de Pellieux, dans laquelle on lui disait qu’en faisant faire des recherches dans une chambre de bonne, au n° 3 de la rue Yvon-Villarceau, il trouverait des choses intéressantes relativement à l’affaire en cours.

Je crois qu’on s’imaginait difficilement qu’un officier qui avait été chargé, pendant sept ans de suite, de choses très confidentielles, qui avait eu beaucoup de secrets à sa disposition, n’eut pas chez lui une seule note relative à son service. Il n’y avait rien cependant ; je n’ai jamais emporté chez moi une seule note relative, soit au service des renseignements, tel que je le faisais au ministère de la guerre quand je l’ai quitté, soit au service que j’avais fait auparavant. Tout ce qu’on s’est borné à prendre, c’étaient des lettres de famille, des lettres d’amis. Il y a surtout une chose qui m’a bien étonné : ma mère avait toujours gardé très soigneusement dans une caisse les lettres que je lui avais écrites, et, à sa mort, j’avais mis cette caisse dans une chambre de débarras. Eh bien ! on a pris là pas mal de mes lettres ; on espérait sans doute y trouver quelques plaintes ou quelques critiques ; mais, comme je n’ai jamais parlé à ma famille de mes affaires de service, je crois que le résultat a été nul.

Du reste, M. le général de Pellieux a agi avec une courtoisie très grande. Chaque fois qu’il arrivait à des lettres de famille, je dois le dire, il les écartait immédiatement et je suis très heureux de lui rendre cet hommage. On n’a retenu qu’une lettre de Mlle de Comminges, lettre qui était signée Blanche, comme le fameux télégramme. Je crois que cette lettre est encore au dossier du général de Pellieux.

La troisième séance avec le général de Pellieux s’est passée à essayer de débrouiller cette fameuse histoire des lettres Speranza, des télégrammes, etc. Je crois qu’on n’y est pas encore arrivé et qu’il faudrait une instruction judiciaire pour ceia

Je ne sais pas qui avait renseigné le général de Pellieux, en ce qui me concerne, sur ce qu’on appelle les éléments moraux, mais je dois dire que ces renseignements m’ont surpris. Je dois parler de cela en deux mots, car, enfin, il faut bien que je défende mon témoignage.

Donc, le général de Pellieux m’a dit, à ma grande stupéfaction, que je m’occupais d’hypnotisme, d’occultisme, de tables tournantes, que j’étais un névrosé. Je ne sais pas ce que tout