Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. le Président, au général Gonse. — M. Gribelin est archiviste au ministère de la guerre. Général, pouvez-vous nous donner des renseignements sur lui ?

M. le général Gonse — M. Gribelin est archiviste au service des renseignements, dans la section de statistique, depuis fort longtemps ; il y était avant mon arrivée à la tête du service, c’est-à -dire avant 1893. Il a toujours donné satisfaction aux chefs de service ; c’est un serviteur que j’appellerai hors ligne ; c’est un homme d’un dévouement et d’une discrétion absolus, aussi modeste qu’il est intelligent et dévoué. Je ne connais pas, dans le service des archivistes, un homme ayant autant de valeur et de sûreté que M. Gribelin.

C’est un modeste serviteur qui n’arrivera jamais à une position bien élevée, parce qu’il est archiviste et que ceux-ci ne peuvent jamais espérer avoir de brillantes positions. Cet homme connaît tous nos secrets et je dois dire que je les lui confie en toute sécurité.

M. le Président. — C’est donc un homme dans la parole duquel on peut avoir confiance ?

M. le général Gonse. — J’ai toute confiance en lui.

Me Clémenceau. — La Cour paraît préoccupée de savoir lequel des deux témoins entendus hier à cette barre a menti. Je n’ai pas l’habitude d’employer des expressions violentes, mais il est incontestable que l’un des deux, M. Leblois ou M. Gribelin, a menti et a fait un faux serment.

M. le Président. — Vous faites-là une appréciation. Les jurés apprécieront, eux aussi, l’affaire.

Me Clémenceau. — C’est une constatation de fait, et non une appréciation. J’ai le droit de retenir les faits qui se sont passés à cette barre. Parlons franchement : vos questions au général Gonse ont certainement pour but de renseigner les jurés sur M. Gribelin, sommes-nous bien d’accord là-dessus ?

M. le Président. — M. Gribelin a été attaqué par l’autre témoin, c’est pourquoi je désire avoir des renseignements sur son compte.

Me Clémenceau. — Je voudrais compléter votre question par une observation. Le Ministère public a entre les mains un moyen certain d’avoir des renseignements indiscutables sur M. Gribelin. Il lui suffit d’ouvrir une instruction sur le délit qui a été commis à cette barre, soit par M. Leblois, soit par M. Gribelin ; c’est la seule façon d’avoir des renseignements certains sur cette contradiction. En outre, il y a des dépositions écrites que la Cour ou le Ministère public peuvent faire apporter et qui suffiraient à faire connaître lequel de ces deux hommes est un faux témoin. Pourquoi se refuser à connaître la vérité ?

M. le Président. — Général, avez-vous quelque chose a répondre ?

M. le général Gonse. — Je m’en tiens à tout ce que j'ai dit.