sur des documents ou sur des faits, le jury français a le droit de connaître ce que M. Henri Rochefort a connu et ce qu'il commente dans son journal tous les jours.
M. le Président. — Ne parlons que de l’affaire Esterhazy, pas d’autre chose.
M. Pauffin de Saint-Morel. — Je n’ai rien communiqué ni rien dit de plus à M . Rochefort que ce que je viens de dire ; je ne lui ai donné aucune preuve à l’appui, aucune ; par conséquent, ma conversation se limite exactement à ce que je viens de dire ; je ne lui ai rien donné de plus, aucune note, rien de
M. le Président. — On a même annoncé, je crois, que vous aviez communiqué le dossier, c’est inexact ?
M. Pauffin de Saint-Morel. — C’est absolument faux, monsieur le Président ; c’est une simple conversation.
Me Labori. — Mais enfin, monsieur le Président, M. le commandant Pauffin de Saint-Morel peut-il nous dire sur quoi s'est faite sa conviction qu’il était impossible que le commandant Esterhazy fût substitué comme auteur du bordereau à celui auquel il avait été attribué ? Ce ne sont pas des paroles d'honneur qu’il nous faut ; les paroles de soldat sont respectables comme les paroles de tous les honnêtes gens, mais elles ne comptent pas ; ce sont les faits... Eh bien ! sur quels faits M. le commandant Pauffin de Saint-Morel s'est-il fondé ? S'il n’y en a pas, sa conviction est pour nous sans valeur.
M. le Président, au témoin. — Répondez, mais toujours en ce qui concerne l’affaire Esterhazy, bien entendu !
M. Pauffin de Saint-Morel. — J’ai conclu d’une phrase que j’ai dite tout à l’heure à l’impossibilité d’admettre que l’on pouvait substituer le commandant Esterhazy au capitaine Dreyfus parce que — je suis obligé de rentrer dans la question — parce que la conviction de l’Etat-major était absolue et formelle sur la culpabilité de Dreyfus.
M. le Président. — Maître Labori, vous n’avez plus d'autre question à poser ?
Me Labori. — Je n’ai plus rien à dire, monsieur le Président.
M. le Président. — Vous jurez de dire la vérité, toute la vérité ?
M Dupuv — Sous la réserve du secret professionnel.
Me Labori. — Voulez-vous, monsieur le Président, poser à M. Dupuy, ancien Président du Conseil, la question de savoir