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y a vingt ans, Monsieur de la Batut, vous aviez été puni par moi, alors que j’étais lieutenant d’état-major dans un régiment qu’on ne désignait pas ». J’ai répondu qu’il y a vingt ans, j’étais capitaine, que j’étais en Afrique où je faisais de la topographie, que jamais de la vie je n’avais été chargé des volontaires d’un an et que je ne me souvenais pas avoir eu M. de la Batut sous mes ordres... Je ne peux pas me souvenir de tous les soldats qui ont passé par mes mains...

M. le Président. — M. de la Batut se plaint que vous vous soyiez servi vis-à-vis de lui d’une expression qui n’est pas parlementaire.

M. du Paty de Clam. — Si j’ai mal entendu ce qu’il a dit... je me suis peut-être trompé... Si M. de la Batut maintient ce que j’ai cru entendre, à savoir que j’étais chargé du cours des volontaires d’un an et que, comme tel, je lui ai fait faire une composition de français, étant chargé du cours de topographie, et que je l’ai fait punir, je suis obligé de maintenir que ce qu’il dit est inexact. Si M. de la Batut reconnaît qu’il s’est trompé sur ce point, je suis prêt à reconnaître devant M. de la Batut que moi-même j’ai mal entendu et que j’ai commis une erreur.

M. de la Batut. — La Cour voudra bien se rappeler ce que j’ai dit tout à l’heure ; j’ai dit que je supposais que c’était le colonel commandant le 17e chasseurs à cheval qui avait donné le sujet de la composition. On m’a demandé si j’avais été sous les ordres de M. du Paty de Clam il y a vingt-deux ans ; j’ai répondu qu’il avait fait un cours aux volontaires ; puis on ma demandé si c’était M. du Paty de Clam qui avait corrigé les copies de la composition qu’on nous avait donnée et j’ai répondu que je n’en savais rien.

M. le Président. — Vous avez dit tout à l’heure, en effet, que c’était M. du Paty de Clam qui avait corrigé les compositions.

Plusieurs voix. — Non, non...

Me Clémenceau. — Pardon, monsieur le Président, cela n’a jamais été dit.

M. le Président. — Que ce ne pouvait être que lui.

Me Clémenceau. — Oh ! nous avons la sténographie... Mais voulez-vous me permettre ? J’ai demandé à M. de la Batut s’il avait été sous les ordres de M. du Paty de Clam. C’était ma première question. M. de la Batut a répondu : « Oui, il y a vingt-deux ans, je crois ; j’étais volontaire. » Je lui ai demandé : « Voulez-vous nous dire si, à cette époque, vous avez été puni à la suite d’une composition et dans quelles conditions ? » M. de la Batut a raconté l’histoire de la composition et il a dit : « J’ai été appelé chez le lieutenant-colonel, commandant le régiment, qui m’a dit : « Vous êtes du Midi ? Vous aurez quinze «jours de prison. » Puis M. de la Batut a ajouté : « La punition a été levée et remplacée par une autre. »

Alors j’ai demandé à M. de la Batut : « M. du Paty de Clam était bien chargé de faire un cours aux conditionnels au mo-