Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Zola. — C’était le dossier de l’affaire Dreyfus ?

M. le colonel Henry. — Non, le dossier Dreyfus est sous scellé depuis 1895 : il n’a jamais été décacheté, à ma connaissance du moins.

M. Leblois. — Je prie la Cour de me permettre d’ajouter un détail en un mot. Voici pourquoi j’ai conféré avec M. Henry de l’affaire Boulleau, c’est parce que c’est lui qui l’avait instruite, qui s’était transporté à Nancy pour faire l’enquête ; et c’est pour cela que le colonel Picquart a désiré que l’affaire fût traitée avec le colonel Henry.

M. le colonel Henry. — Remarquez que nous n’étudions pas les affaires, c’est le Parquet qui fait l’enquête et non pas nous.

M. le Président. — Qui est-ce qui choisit l’avocat au ministère de la guerre ?

M. le colonel Henry. — Pour les affaires d’espionnage ?

M. le Président. — Pour les affaires du ministère de la guerre.

M. le colonel Henry. — Jamais nous ne traitons ces affaires ; c’est le Parquet qui les mène ; nous nous mettons en relations avec le Parquet pour savoir s’il y a des complices, mais nous n’avons pas affaire à l’autorité judiciaire.

M. le Président. à M. le général Gonse — M. Leblois n’était pas l’avocat du ministère de la guerre ?

M. le général Gonse. — En aucune façon.

M. le Président. — Qui choisit l’avocat ?

M. le général Gonse. — Je crois que c’est le Ministre de la guerre ; mais le ministère a plusieurs avocats et même un certain nombre d’avocats conseils.

Monsieur le Président, M. le colonel Henry est extrêmement souffrant ; il a fait un grand effort pour venir ici, car il était dans son lit. Je demande donc à la Cour de l’autoriser à se retirer.

Me Labori. — Nous sommes tout prêts à compatir aux souffrances que M. Henry a endurées pour venir ici. Je tiens cependant à faire une observation : M. le colonel Henry a dû être pris subitement de ce mal, car hier il était en mission ; hier, en mission, aujourd’hui malade. Tout à l’heure, nous allons entendre pour la première fois M. le lieutenant-colonel Picquart ; il est possible que M. le lieutenant-colonel Picquart ait besoin d’être confronté avec M. le lieutenant-colonel Henry. Il est donc bien entendu que si M. Henry s’en va. ce sera pour être rappelé et revenir à la barre si c’est nécessaire.

M. le colonel Henry. — Je veux répondre deux mots à Me Labori : Il a l’air de mettre ma maladie en doute, parce que hier j’étais en mission ; mais si je n’étais pas malade, je serais encore en mission. J’ai la fièvre ; j’ai dix-huit campagnes d’Afrique et j’ai bien le droit d’avoir la fièvre.

Me Labori. — Je ne mets rien en doute, mais je dis que c’est