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se placent les conférences dont parle M. le lieutenant-colonel Henry, et si, dans l'une quelconque de ces conférences, M. le lieutenant-colonel Henry a constaté quelque chose d’intéressant ?

M. le Président, à M. le colonel Henry. — A quelle époque se placent les conférences, et qu’avez-vous constaté ?

M. le colonel Henry. — Ce doit être en février 1895 ou 1896 ; plutôt en 1896.

M. le Président. — Sur ces conférences, vous n’avez rien à nous faire connaître ?

M. le colonel Henry. — Du tout, monsieur le Président.

M. le Président. — Huissier, appelez M. Leblois... (A Me Labori.) Quelle question voulez-vous poser ?

Me Labori. — Je vous serais reconnaissant de demander à M. Leblois s’il n’a pas conféré avec M. le lieutenant-colonel Henry, au ministère de la guerre, sur une affaire qui était une affaire d’espionnage ou autre, — je ne sais pas exactement, — mais sur une affaire qui était du ressort de M. le lieutenant-colonel Henry ; si, dis-je, M. Leblois n’a pas conféré directement, soit en la présence, soit en l’absence de M. le colonel Picquart, et dans quelles conditions ces conférences ont-elles eu lieu.

M. Leblois. — J’ai eu, sur une affaire qui avait été instruite par le Parquet de Nancy, une conférence assez longue avec le colonel Henry.

M. le Président. — En l’absence du colonel Picquart ?

M. le colonel Henry. — Nous avons causé une fois devant le colonel Picquart ; celui-ci m’a dit : « Quand nous aurons besoin de renseignements complémentaires sur une affaire d’espionnage, voici M. Leblois qui pourra nous prêter un certain concours » ; mais je n’ai jamais conféré avec M. Leblois.

M. Leblois, s'adressant à M. le colonel Henry. — Cette conférence a duré plusieurs heures dans votre cabinet. Vous l'avez reconnu devant le Conseil de guerre.

M. le colonel Henry. — Jamais. Vous faites erreur. Il n'a été question entre nous que du dossier Boulleau. Boulleau était un fourrier qui a été condamné par le Conseil de guerre.

M. Leblois. — Mais il s’agit précisément du dossier Boulleau.

M. le Président. — Vous entendez, monsieur Leblois, ce que dit le lieutenant-colonel Henry ?

M. Leblois. — Il est possible d’en appeler aux souvenirs des membres du Conseil de guerre.

Me Labori. — M. Leblois connaît-il M. le cabinet du lieutenant-colonel Henry ?

M. le colonel Henry. — Je ne me souviens pas d'avoir vu M. Leblois dans mon cabinet.

M. Leblois. — Je regrette de dire que la mémoire du colonel Henry le trompe.

M. le colonel Henry. — Cela m’étonne beaucoup, car j'ai bonne mémoire.