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bois, avocat ; qu’il y avait sur son bureau un dossier relatif aux pigeons voyageurs, et à côté de ce dossier un pli. Sur ce pli, il y avait une signature ; quelle était cette signature ?

M. Gribelin. — C’était un paraphe au crayon bleu.

M. le Président. — De qui ?

M. Gribelin. — Du colonel Henry.

M. le Président. — Voilà ce que déclare M. Gribelin.

Me Clémenceau. — Ce n’est pas cela que nous avons discuté. Le témoin a dit hier, si je ne me trompe, que, quand il était entré chez le colonel Picquart, il avait vu le colonel Picquart assis, ayant devant lui un dossier de pigeons voyageurs, et, à côté, un dossier contenu dans une enveloppe portant la signature du colonel Henry. Est-ce bien cela ?

M. Gribelin. — Parfaitement.

Me Clémenceau., se tournant vers le colonel Henry. — Le colonel Henry a dit que c’était le colonel Picquart qui avait demandé le dossier à M. Gribelin pendant que lui, le colonel Henry, était en permission. C’est bien cela ?

M. le colonel Henry. — Oui.

Me Clémenceau. — Ce que dit le colonel Henry, c’est bien que, depuis le jour où le colonel Picquart a demandé le dossier, il l'a gardé jusqu’à sa sortie du ministère ?

M. le colonel Henry. — Par devers lui, jusqu’à sa sortie du ministère.

Me Clémenceau. — Donc, le colonel Picquart n’a demandé le dossier qu’une fois à M. Gribelin ?

M. Gribelin. — Je n’ai donné le dossier qu’une fois : on ne me l’a jamais rendu après.

Me Clémenceau. — Ce que nous voudrions bien savoir, comme je le demandais tout à l’heure, c’est ceci : Quand M. Gribelin est entré dans le bureau du colonel Picquart, le dossier était-il sur le bureau du colonel Picquart ou bien, comme dit le colonel Henry, est-ce le colonel Picquart qui a demandé le dossier à M. Gribelin ? Si c’est M. Gribelin qui a apporté le dossier, il n’a pas pu le voir sur la table.

M. Gribelin. — Mais, pardon, j’ai donné le dossier vers fin août, premiers jours de septembre, et je suis entré chez le colonel Picquart bien plus tard : ce n’est que deux mois, six semaines après, que je suis rentré dans le bureau du colonel Picquart.

Il était nuit.

Me Clémenceau. — Il était nuit ? Ce n’est pas une date.

M. le Président. — La date n’a pu être précisée.

Me Clémenceau. — Permettez-moi de rectifier : Je crois que la date n’a pas voulu être précisée.

Cette observation ne s’adresse pas à la Cour. Il y a eu deux témoins à cette barre qui ont émis des affirmations contradictoires : nous demandons — en vain — qu’on les départage.

M. le Président, à M. le colonel Henry. — Vous avez vu plusieurs fois M. Leblois, avocat, chez M. le colonel Picquart ?