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connaître les tirs et le nouveau matériel d'artillerie qu'on expérimente sur ces champs de tir, à causer avec les officiers, d'artillerie, et il leur pose des questions indiscrètes » Eh bien ! c’était tout naturel que je veuille dire dans mes lettres...

Me Labori. — Pardon ! il est question de documents qui ont été copiés. Quels sont les documents ?

M. le général Gonse. — Il me disait que dans son régiment, au 74e régiment d’infanterie, le commandant Esterhazy faisait copier par des sous-officiers des pièces plus ou moins secrètes, des rapports secrets qui étaient à sa disposition et des documents confidentiels. Une m’indiquait pas la nomenclature de ces documents, et je lui disais et répondais, comme je l'avais fait dans la conversation : « Cherchez les documents qu'il a pu faire copier. » Il était en relations avec le colonel du 74e, il pouvait être en relations avec les colonels des régiments d'artillerie ; il pouvait donc demander aux uns et aux autres le résumé des conversations du commandant Esterhazy, ainsi qu’aux officiers d’artillerie. D’autre part, il pouvait demander à ces officiers, qu’il pouvait interroger discrètement, quelle était la nature des documents qui avaient été copies par le commandant Esterhazy.

Et je dois ajouter que, ni sur ce point ni sur d'autres, je n'ai rien appris, et n’ai eu aucune espèce de renseignements.

C’était dans cet ordre d’idées que je lui avais signalé de faire son enquête, et il ne m’a pas donné le résultat de cette enquête.

Me Labori. — Voulez-vous demander, monsieur le Président, à M. le général Gonse si une enquête a été faite au point de vue de l’écriture ?

M. le Président, au témoin. — On vous demande si une enquête a eu lieu au sujet de l’écriture ?

M. le général Gonse. — Il n’y a pas eu enquête au point de vue de l’écriture. Il y a eu seulement des communications, je crois, de lettres ou de fragments de lettres du commandant Esterhazy à différentes personnes, mais je n'attachais aucune importance à ces communications. Je disais au colonel Picquart dans la conversation : « Laissez les écritures de coté, vous n’avez rien à faire avec les écritures »

Me Labori. — Je demande à M. le général Gonse ce qu'il pense de l’enquête sur les écritures ; je lui demande si une enquête a été commencée sur les écritures : est-ce oui, est-ce non t

M. le général Gonse. — Il n’y a pas eu d’enquête. Il s'agit de savoir ce que vous appelez enquête.

Moi j’appelle enquête sur les écritures le fait de constituer des experts, de leur faire prêter serment, et de leur faire examiner les documents.

Je crois que le colonel Picquart a communiqué certaines phrases à différentes personnes.

M. le Président. — Mais vous n’en êtes pas certain.

Me Labori. — Alors pourquoi M. le général Gonse écrit-il :