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devoir le plus strict de conserver pour soi-même, quand on est chef du service des renseignements au ministère de la guerre, les lettres que votre chef vous écrit.

Il en est de même des lettres que j’écrivais au colonel Picquart pendant qu’il était en mission. Elles avaient un caractère privé, je le veux bien, mais elles étaient exclusivement du service, et elles étaient si bien du service que l’une d'elle renfermait des instructions secrètes sur des points que je n’ai pas à indiquer ici, et j’avais chiffré cette lettre avec un chiffre spécial que j’avais eu soin de prendre avec le colonel Picquart.

Je ne sais pas ce qu’il a fait de cette lettre, je ne sais s’il la communiquée aux uns et aux autres. J’espère qu’il ne l’a pas fait, qu’il l’a détruite ou brûlée. Je vous indique cela pour vous montrer quelle était la nature et le caractère de la correspondance que j’entretenais avec le colonel Picquart.

Je suis obligé de dire tout cela parce que j’estime, comme je le disais tout à l’heure, que le service des renseignements est un service tellement sérieux que personne au monde ne doit le connaître, en dehors du chef du service, du chef d’Etat-major général de l’armée et du Ministre de la guerre.

C’est un service dans lequel l’officier qui le dirige assume des responsabilités énormes, et, par conséquent, il doit en connaître tous les devoirs et toutes les charges.

Le prédécesseur du colonel Picquart est mort à la peine.

Le colonel Sandherr a dû quitter, après sept ans, le service des renseignements, et il est mort à la peine : à peine avait-il quitté le service, qu'il est tombé malade et ne s’en est plus jamais relevé.

Par conséquent, c’est un service écrasant, je ne crains pas de le dire, et il faut conserver dans ce service toutes les garanties de secret, de discrétion que l’on doit avoir.

C’est tout ce que j’ai à dire.

M. le Président. — Maître Labori, avez-vous d’autres questions ?

Me Labori. — Oui, monsieur le Président, à raison de ce fait que M. le général Gonse est venu fournir des renseignements, j’ai une ou deux questions à lui poser.

M. le général Gonse voudrait-il bien nous dire, en ce qui concerne la première partie de sa nouvelle déposition, quels sont les documents dont il est question dans l'une de ses lettres, et au sujet desquels il se pose les questions suivantes : « Comment ont-ils pu être copiés ? — Quelles ont été les demandes de renseignements faites auprès des tiers ? »

M. le général Gonse. — Je peux très bien répondre sur cette question. Cela répond, cela complète ce que je disais tout à l'heure. Le colonel Picquart m’avait dit : « Le commandant Esterhazy cherche à aller sur les champs de tir de l’artillerie, il cherche à savoir ce qui se passe sur ces champs de tir, à