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commandant Esterhazy qui se trouvent encore entre les mains de Mme de Boulancy et dans lesquelles il y a des outrages à l’armée ?

M. le docteur Socquet. — Du tout. Il n’y a pas eu de confidence.

M. Zola. — Je retire le mot confidence. Est-ce qu’il n’a pas été question, dans la conversation, des deux lettres que Mme de Boulancy a entre les mains — elle en a encore beaucoup d’autres — mais des deux lettres particulièrement, qui sont entre les mains de Mme de Boulancy ou de son conseil, et dans lesquelles le commandant Esterhazy aurait employé des mots très outrageants pour l’armée et pour la France ?

M. le docteur Socquet. — Non.

M. Zola. — Parfait !

Me Clémenceau. — Dans ces conditions, j’ai l’honneur de déposer les conclusions que voici :

Conclusions
relatives à la commission de trois médecins-experts
pour examiner l’état de Mme de Boulancy.
Plaise à la Cour,

Attendu que M. le docteur Socquet, médecin expert, commis par la Cour pour examiner l’état de Mme de Boulancy, s’est borné à dire que la comparution de ce témoin pourrait avoir pour elle un danger très sérieux et qu’il ne prenait pas sur lui d’autoriser cette dame ;

Attendu que ce témoignage est de la plus haute importance et est absolument indispensable pour arriver à la manifestation de la vérité ;

Par ces motifs,

Commettre trois médecins experts pour examiner l’état de Mme de Boulancy, et dire si elle est en état de comparaître comme témoin pour déposer devant la Cour d’assises.

Me Clémenceau. — Permettez moi, Messieurs, d’appuyer d’un mot ces conclusions. La Cour vient d’apprendre aujourd’hui que l’opinion, exprimée hier par l’expert à cette barre, n’était pas une opinion résultant de son seul examen, mais qu’elle était basée sur des renseignements venant du médecin traitant ; que ces renseignements étaient extrêmement graves puisqu’ils indiquaient qu’à la suite d’une sortie de la malade pour se rendre chez son médecin, elle avait dû s’aliter à la suite d’une syncope, d’un évanouissement.

Il est bien certain que ces indications, — fournies par le médecin traitant, qui ne peut en justice avoir aucune autorité, — ont été de nature à asseoir l’opinion de M. le docteur Socquet.