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Me Clémenceau. — Mais n’a-t-il pas été question d’autres messages télégraphiques ou téléphoniques, affublés d’un nom quelconque, ayant rapport au commandant Esterhazy ?

M. le docteur Socquet. — Pas du tout ; je n’en ai conservé aucun souvenir.

Me Labori. — Mme de Boulancy a affirmé l’authenticité de toutes les lettres, y compris celle du uhlan ?

M. le docteur Socquet. — Oui.

Me Clémenceau. — Est-ce qu’on a parlé d’autres lettres ? Je pose les questions très franchement et demande au témoin d’y répondre de même.

M. le docteur Socquet. — Du tout.

Me Clémenceau. — Un dernier point. La Cour se rappelle que j’avais demandé au témoin, hier, s’il avait vu les deux médecins traitants. Je demande au docteur Socquet s’il n’a pas vu autre part que chez Mme de Boulancy, et avant sa déposition à l'audience, le médecin qui traite Mme de Boulancy.

M. le docteur Socquet. — Non.

Me Clémenceau. — Nulle part ?

M. le docteur Socquet. — J’ai eu des renseignements écrits complémentaires, lesquels confirment absolument ceux qu’on m’avait donnés, à savoir que Mme de Boulancy avait eu un évanouissement dans son cabinet vendredi, lequel l’avait obligée de rester chez elle, de prendre le lit et que, dans la nuit du samedi au dimanche, elle avait eu une syncope. C’étaient des renseignements complémentaires qui m’étaient indispensables pour éclairer ma religion. J’avais le droit de m’aider de tous les renseignements pour arriver à la manifestation de îa vérité.

Me Clémenceau. — La Cour retiendra que le témoin dit que ces renseignements étaient indispensables ; je m’étonne qu’il ne nous les ait pas donnés hier quand je lui ai demandé s’il avait vu les médecins traitants. Est-ce que l’opinion du docteur Socquet, hier, était basée uniquement sur l’examen de la malade et les certificats qui sont au dossier ? M. le docteur Socquet a-t-il reçu, non pas oralement, mais par écrit, des renseignements du médecin traitant ?

M. le docteur Socquet. — Oui.

Me Clémenceau. — Ces renseignements ont été très graves puisqu’ils indiquaient une syncope.

M. le docteur Socquet. — Et un évanouissement.

Me Clémenceau. — Des choses très graves qui ont servi au docteur à asseoir son opinion !

M. le docteur Socquet. — Pardon, elles l’ont confirmée. J’avais évidemment besoin de renseignements complets et exacts pour m’éclairer et être plus certain.

M. le Président, aux défenseurs. — Avez-vous d’autres questions à poser au témoin ?

(Au témoin.) Docteur, retirez-vous.

M. Zola. — Il est bien entendu, n’est-ce pas, que l’honorable témoin n’a reçu aucune confidence au sujet des deux lettres du