Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/209

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Me Clémenceau. — Voilà le premier point posé Monsieur le Président veut-il demander au témoin si celui-ci n’avait pas, au cours de cette conversation engagée en dehors de tout secret professionnel, posé à Mme sz Boulancy la question suivante : « est-il vrai que vous ayez des lettres du commandant Esterhazy autres que celles qui ont été publiées ?»

M. Le docteur Socquet — Non.

Me Clémenceau. — Le témoin n’aurait-il pas dit à Mme de Boulancy « Est-il exact que vous ayez trois télégrammes du commandant Esterhazy ? »

M. Le docteur Socquet — Non.

Me Clémenceau. — Mme de Boulancy ne lui aurait-elle pas dit spontanément : « J'ai des lettre du commandant Esterhazy, je n’en ai que deux » !

M. Le docteur Socquet — Non.

Me Clémenceau. — Est-ce que dans la conversation, le mot Esterhazy n'a pas été prononcé par une personne quelconque ?

M. Le docteur Socquet — Oui.

Me Clémenceau. — Ah ! Dans conditions ce mot a-t-il été prononcé, et par qui ?

M. Le docteur Socquet — Par Mme de Boulancy.

Me Clémenceau. — Mme de Boulancy n’a pas dû prononcer ce seul mot : le témoin voudrait-il nous dire quels sont les autres mots qu'elle a combinés avec celui-ci ?

M. le Président. — Je vous ferai observer, maitre Clémenceau, que vous entrez dans le domaine d’une conversion privée.

Me Clémenceau. — La défense attache la plus grande, importance au témoignage de Mme de Boulancy et à la production des lettres et des deux télégrammes qu’elle possède encore. Dans ces conditions nous ferons tout notre possible pour obtenir que Mme de Boulancy vienne à cette audience, et pour éclairer la Cour et MM. les jurés sur la question des lettres du commandant Esterhazy.

M. le Président. — En ce qui concerne la présence, à l'audience de Mme de Boulancy, vous savez que M. le docteur Socquet a déclaré qu’elle était dans l’impossibilité de venir.

Me Clémenceau. — Je dis qu’en raison de l'importance de l’incident pour la défense, nous ferons tout notre possible pour éclaircir la question, et je prie Messieurs les jurés de retenir que si nous n'y arrivons pas, c'est que ce sera impossible. Sachant qu'il avait été question des lettres du commandant Esterhazy entre Mme de Boulancy : « Avez-vous encore des lettres du commandant Esterhazy ? » le témoin à répondu : « Non, je n'ai pas posé cette question