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J’ai fait toutes ces observations dans une lettre que j’ai écrite au rédacteur du Temps.

Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que, en matière d’erreurs judiciaires, la requête des parties intéressées soit absolument nécessaire quand il y a certitude et notoriété ; le Ministre de la justice peut se saisir lui-même et il est des cas dans lesquels cela devient pour lui un devoir. Le chef de la justice qui a, ou croit avoir, connaissance d’une erreur judiciaire, doit évidemment réparer cette erreur et prendre l’initiative des actes de procédure qui feront obtenir cette réparation. Ainsi la requête n’eut pas même été nécessaire.

Dans tous les cas, je ne crois pas que M. Scheurer-kestner eût été qualifié pour faire une pareille requête et, lorsqu’il en a eu la pensée, je crois qu’il se trompait ; car la requête légale pour obtenir réparation d’une erreur judiciaire doit être, est-il dit dans la loi, présentée par les parties intéressées, c’est-à-dire soit le condamné, soit son tuteur légal, ou, après sa mort, ses héritiers, comme dans l’affaire Pierre Vaux. Or, M. Scheurer-Kestner n’était rien du tout par rapport à Dreyfus ; il n’y a, entre M Scheurer-Kestner et la famille Dreyfus aucun lien, si ce n’est le sentiment de la justice qu’il porte dans son cœur comme tous les citoyens qui partagent ses idées. C’est ce sentiment qui lui fait souhaiter que, s’il y a eu une erreur judiciaire commise, elle soit réparée. Il avait le droit que nous avons tous par la parole et par la plume, dans les réunions publiques et dans les journaux, de demander qu’on fasse justice, mais il n’avait pas le devoir ni même le droit de s’adresser par requête au Ministre de la justice.

Telle est la réponse que je pouvais faire a M. Zola.

M. Zola. — Je remercie M. Trarieux.

M. Trarieux. — Ma présence n’est plus utile ?

Me Labori. — Non.

INCIDENT
relatif à l’audition de M. le commandant Forzinetti, de M. le capitaine Le Brun-Renaud et d’un groupe de témoins.

Me Labori. — Je voudrais faire une observation à M. le Président, en ce qui concerne un certain nombre de témoins pour lesquels je sais qu’on ne posera pas les questions que je voudrais.

Je voudrais interroger M. le commandant Forzinetti. Voici la liste des questions que j’aurais a lui poser :