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leurs arrêts. Le premier Conseil de guerre a pu être inintelligent, le second est forcément criminel. »

Deuxième colonne de la deuxième page :

« … J’accuse le Second Conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable. »

Lesdits passages contenant l’imputation de faits de nature à porter atteinte à l’honneur du gouvernement militaire de Paris ayant siégé les 10 et 11 janvier 1898, et relatifs à ses fonctions, et de l’avoir ainsi publiquement diffamé, et ce, à raison de ses fonctions ;

II. — Émile Zola

De s’être, à la même époque et au même lieu, rendu complice du délit ci-dessus spécifié, en remettant soit au sieur Perrenx, gérant du journal l’Aurore, soit à tout autre rédacteur ou employé dudit journal, pour le faire parvenir audit gérant, afin d’être publié, l’écrit contenant les passages susvisés et procuré ainsi les moyens qui ont servi à commettre le délit, sachant qu’ils devaient y servir.

Délits prévus et punis par les articles 23, 29, 30, 31, 35, 42, 43, 45, 47 et 52 de la loi du 29 juillet 1881, 59 et 60 du Code pénal.

À ce que le susnommé n’en ignore, je lui ai, en parlant comme dessus, laissé la présente copie.

Coût, soixante-quinze centimes.






A la lecture de l’assignation lancée contre M. Émile Zola par le parquet de la Seine, sur l’ordre du gouvernement, la pensée est venue tout de suite à tous les esprits non prévenus que le désir du gouvernement était, non pas de faire la lumière complète sur les accusations formulées avec tant de précision et de vigueur par le grand écrivain, mais au contraire de réduire au minimum, « par des moyens de procureur », comme dit Émile Zola, le débat qu’il avait engagé maladroitement. L’auteur de la « Lettre au Président de la République », dans une nouvelle lettre au ministre de la guerre, stigmatise la pusillanimité du gouvernement.