Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/171

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Me Labori. — Je demande que, sur ce point, Mme Dreyfus soit confrontée avec M. le général Mercier.

M. le Président. — Vous allez encore parler de l’affaire Dreyfus.

Me Clémenceau. — Nous voulons établir le mal fondé de la déposition qu’un témoin vient de faire à la barre.

M. l’Avocat général. — M. le général Mercier vient de faire une supposition ; il a dit que cela pouvait venir de la famille Dreyfus ; ce n’est pas seulement à Mme Dreyfus qu’il faut le demander, il faut faire comparaître ici tous les membres de la famille Dreyfus.

Me Labori. — Je vous demande pardon, Monsieur l’Avocat général : Mme Dreyfus n’a parlé à personne pendant plus de quinze jours, et M. le général Mercier ne peut ignorer que M. le colonel du Paty de Clam lui avait fait à ce moment une défense, accompagnée de telles menaces, qu’il sait bien qu’elle a été scrupuleusement observée.

M. le Président. — Nous verrons cela avec M. du Paty de Clam.

Me Labori. — Nous ne le verrons pas du tout, parce qu’on m’interdira encore de parler.

M. le général Mercier. — Je répète que ce que j’ai dit tout à l’heure était une simple appréciation et que j’ai eu soin, en la donnant, de dire qu’elle ne reposait sur aucun indice et sur aucun témoignage.

Me Labori. — Je crois avoir posé à M. le général Mercier la question de savoir si une pièce secrète avait été communiquée au Conseil de guerre en 1894 ?

M. le Président. — Non, vous ne l’avez pas posée et je refuse de la poser.

Me Labori. — Alors, à cet égard, je vais déposer des conclusions sur le bureau de la Cour...

M. le Président. — Pourquoi ?

Me Labori. — Je vais dire dans quel esprit, Monsieur le Président.

Me Clémenceau. — La question a été posée au témoin par M. le Président, et le général Mercier a répondu qu’il y avait un arrêt de la Cour qui l’empêchait de répondre. Par conséquent, si M. le général Mercier n’avait pas eu des susceptibilités juridiques, il aurait parlé...

M. le Président. — Mais je l’aurais arrêté, soyez tranquille ; nous ne sommes pas une Cour de revision, mais une Cour d’assises, souvenez-vous en.

Me Labori. — C’est entendu, Monsieur le Président. Mais je n’apprendrai certainement pas à M. le général Mercier, et, en tous cas, je n’apprendrai pas à la Cour qu’il n’y a chose jugée relativement à un témoignage ou à une espèce que dans cette espèce elle-même ; par conséquent, l’arrêt de la Cour qui a été rendu hier ne s’applique ni à M. le général Mercier ni à la question spéciale que je lui pose.