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en ce moment, car, M. le colonel Henry ne pouvant venir, il est nécessaire, suivant nous, d’entendre l’accusation avant d’entendre les discussions qu’elle peut provoquer.

DÉPOSITION DE M. LE GENERAL MERCIER
Ancien Ministre de la Guerre

M. le Président. — Vous jurez de dire toute la vérité ?

M. le général Mercier. — Sous les réserves imposées par le secret professionnel, je le jure.

Me Labori. — M. le général Mercier voudrait-il nous dire tout d’abord s’il a pris connaissance du rapport fait par M. le commandant Ravary dans l’affaire Esterhazy ?

M. le Président. — Pouvez-vous répondre à la question ?

M. le général Mercier. — Je n’en ai pas pris connaissance.

Me Labori. — Monsieur le général Mercier veut-il me permettre alors de lui apprendre que, dans ce rapport de M. Ravary il est question d’un document qu’on appelle le document libérateur, qui a été remis à M. le commandant Esterhazy par une dame voilée et qui a été remis par M. le commandant Esterhazy ensuite, pour se défendre, à M. le Ministre de la guerre, M. le général Billot, dont il a d’ailleurs retiré un reçu. Connaissez vous cette circonstance ?

M. le général Mercier. — Je ne la connais pas.

Me Labori. — Cette pièce, ce document libérateur serait un document dans lequel un post-scriptum se trouverait, postscriptum commençant par ces mots : « Cette canaille de D. »

M. le Président. — Connaissez-vous cette pièce, général ?

M. le général Mercier. — Non, je ne la connais pas.

Me Labori. — M. le général Mercier pourrait-il nous dire si une pièce secrète a été communiquée au Conseil de guerre dans l’affaire Dreyfus en 1894 en dehors du débat ?

M. le Président. — Pouvez-vous répondre à la question ?

M. le général Mercier. — Je crois que l’affaire Dreyfus n’est pas en question et qu’il est intervenu un arrêt de la Cour qui interdit de la mettre en question.

Me Labori. — M. le général Mercier pourrait-il me dire s’il connaît la publication qui a été faite de certains renseignements confidentiels du ministère de la guerre, au mois de septembre 1896 ?

M. le général Mercier. — J’ai lu à ce moment-là, dans un journal qui, je me le rappelle, était l'Eclair, la communication de prétendus documents ; je ne sais absolument pas d’où pouvaient venir ces renseignements, faux ou vrais. En tout cas, je n’y suis absolument pour rien, je l’atteste sous la foi du serment.

Me Labori. — M. le général Mercier n’était plus ministre de