Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Gribelin. — Il avait mis son paraphe sur l’enveloppe parce qu’il ne voulait pas que l’enveloppe fût ouverte en son absence.

Me Labori. — Pas même par M. le colonel Picquart ?

M. Gribelin. — Pas même par le colonel Picquart.

Me Labori. — Est-ce que M. le colonel Henry avait des ordres à donner à M. le colonel Picquart ?

M. Gribelin. — Non.

Me Labori. — Quel était le chef de service ?

M. Gribelin. — C’était le colonel Picquart.

Me Labori. — Maintenant, monsieur le Président, voulez-vous faire appeler M. Leblois ?
(M. Leblois se présente à la barre.)

CONFRONTATION DE M. GRIBELIN AVEC M. LEBLOIS


M. le Président. — Quelles sont les questions que vous désirez poser à M. Leblois ?

Me Labori. — Est-ce que M. Leblois était présent à la déposition de M. Gribelin ?

M. Leblois. — Non.

Me Labori. — Alors, voulez-vous me permettre de résumer cette déposition ?

M. Gribelin a déclaré d’abord, qu’au mois de novembre 1896 il avait vu M. Leblois, qu’il avait d’ailleurs rencontré d’autres fois au ministère, dans le cabinet du colonel Picquart, si je ne me trompe ; que là, il y avait sur la table, devant eux ou entre eux, deux dossiers, l’un relatif aux pigeons voyageurs, l’autre dans une enveloppe... A ce sujet, j’ai oublié de demander à M. Gribelin si l’enveloppe était ouverte ?

M. Gribelin. — Elle était ouverte.

Me Labori. — Le dossier en était-il sorti ?

M. Gribelin. — Non.

Me Labori. — Cette enveloppe, M. Gribelin l’a reconnue, parce qu’elle avait un caractère distinctif : c’est que c’était la seule qui, au ministère, eût été revêtue du paraphe de M. le commandant Henry, aujourd’hui lieutenant-colonel. Cette enveloppe, M. le colonel Henry avait défendu qu’elle fût ouverte en son absence ; cependant elle était ouverte devant M. Leblois.

Poussé sur la question de savoir à quelle date avait lieu ce fait, M. Gribelin a répondu qu’il n’était sûr que d’une chose, c’est que l’incident devait se passer nécessairement à l’automne, parce qu’il était environ six heures et demie du soir et que la lampe était allumée. J’ai demandé à M. Gribelin s’il avait toujours fait cette réponse, il a dit oui, et qu’il n’en avait jamais fait d’autre.