Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/152

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qui désintéresseront encore davantage l’honneur de notre profession et qui calmeront, c’est mon sentiment, les plus justes susceptibilités. Si je ne me trompe, le général Gonse va, revenant sur la parole qu’il a dite, donner lui-même et spontanément toutes les satisfactions qui sont réclamées par l’Ordre des avocats et par son chef.

M. le Président. — Général, vous avez la parole.

M. le général Gonse. — Sous l’empire de l’émotion que vous devez comprendre, puisque je n’ai pas l’habitude de paraître devant cette auguste assemblée, l’expression de mes paroles a dépassé ma pensée. Je ne crains pas de le dire et je le dis très nettement, je n’ai jamais voulu attaquer en quoi que ce soit ni le barreau, ni le défenseur. Je professe, au contraire, une estime très grande pour le barreau.

Me Ployer. — Mon général, nous vous en remercions,

Me Labori. — Mon général, je vous remercie.

M. le général Gonse. — Ma pensée était la suivante : je craignais qu’on ne me fît dévier de l’affaire Esterhazy à l’affaire Dreyfus, c’est ce que je ne voulais pas faire.

M. le Président. — Maître Labori, vous entendez les explications qui sont données par le général ; satisfaction vous a été donnée, l’incident est clos.

Me Ployer. — Mon confrère, l’incident est clos ; en votre nom et au nom du barreau tout entier, j’accepte les paroles du général Gonse etje l’en remercie. (Applaudissements.)

Me Labori. — Monsieur le bâtonnier, je vous remercie profondément. Vous me permettrez d’ajouter un mot : rien ne peut m’être plus précieux que votre intervention à cette barre dans les conditions où elle s’est produite ; dans cette affaire où, je le jure, j’ai déjà eu beaucoup d’émotions, il n’y a rien eu qui m’ait plus profondément touché que votre attitude à mon égard. Je ne regrette qu’une chose, c’est qu’après les paroles de M. le général Gonse vous ayez ajouté un mot, Monsieur le bâtonnier, et m’ayez ainsi privé du plaisir d’accepter le premier les très loyales paroles du général.

Me Ployer. — Je vous représentais, mon confrère.

Me Labori. — Je vous en remercie deux fois. Personnellement, je n’étais pas atteint ; la défense ne l'est plus ; l’incident est clos.

M. le Président. — Avez-vous d’autress questions à poser ?

Me Labori. — Non.