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je me garderai de m’engager dans un colloque qui débute de cette manière avec M. le général Gonse. Je demande à M. l’Avocat général s’il va se lever pour faire respecter ici et le caractère d’un homme, qui disparaît, et le droit de la défense. (Applaudissements.)

M. le Président. — Je préviens définitivement le public que ie vais faire évacuer la salle au premier mouvement qui se produira ; je ne répéterai plus ce que je viens dire, mais au premier mouvement que j’entendrai, tout le monde sortira. Maître Labori, vous n’avez plus de question à poser ?

Me Labori. — Non. Est-ce que je recevrai une réponse à la très respectueuse question que j’ai eu l’honneur d’adresser à M. l’Avocat général ?

M le Président. — Général, vous pouvez vous asseoir.

Me Labori. — Pardon, Monsieur le Président. Permettez-moi d’abord de constater non seulement en mon nom, mais au nom du barreau tout entier qui, je l’espère... (Applaudissements.)

M. le Président. — Faites évacuer la salle.

Me Labori. — Je demande la parole.

M. le Président. — Maître Labori, attendez que la salle soit évacuée.

Voix nombreuses d’avocats. — Le bâtonnier ! Le bâtonnier !

Me Labori. — J’entends me faire justice moi-même, Monsieur le Président.

M. le Président. — L’audience est suspendue pour qu'on fasse sortir le public. (Vifs applaudissements. Me Labori est acclamé et félicité par ses confrères.)

L’audience est reprise à une heure cinquante.

M. l’Avocat général. — Je prie la Cour de vouloir bien me permettre de faire une double et très brève observation. La première est celle-ci : j’estime que, sans aucun doute, le mot qui a été prononcé tout à l’heure par l’honorable témoin a dû dépasser sa pensée, et j’en trouve la preuve dans ce fait que tout le monde voudra bien constater : c’est que, dès la première heure de cette audience, le général Gonse s’est trouvé dans le prétoire à la disposition de la justice. Ma seconde observation est celle-ci, qui sera encore plus brève : si je n’ai pas cru devoir répondre de suite, c’est que je ne crois pas que j’aie le devoir de répondre à des sommations qui me seraient adressées dans les termes où elles l’ont été.

Quant à mes sentiments vis-à-vis du barreau, ils sont notoirement connus et je m’en réfère à M. le bâtonnier pour les exprimer s’il y a lieu.

Me Ployer, bâtonnier. — Je remercie M. l’Avocat général des paroles qu’il vient de prononcer en faveur du barreau et des sentiments qu’il professe pour lui. J’espère que la Cour et MM. les jurés vont entendre tout à l’heure d’autres paroles