Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. le Président. — Conformément à la loi.

Me Labori. — Et quand je trouve un point sur lequel nous pouvons la faire, je ne puis en rien me préoccuper de la question de savoir si j’allonge les débats de vingt-quatre ou quarante-huit heures ; cela m’est indifférent en présence des intérêts en cause.

M. le Président. — Permettez, pendant l’audition des témoins vous n’ayez qu’un droit : poser des questions, rien de plus, mais non pas discuter.

Me Labori. — Mais comme je suis continuellement l’objet d observations et d’interruptions que je ne puis pas laisser passer, puisque je ne peux pas m’incliner devant elles...

M. le Président. — Posez des questions ; dans la plaidoirie vous discuterez ce que vous voudrez ; mais actuellement posez simplement des questions. Vous discutez tout le temps ; vous discuterez dans votre plaidoirie.

Me Labori. — Non, je ne discute pas.

M. le Président. — Vous ne cessez pas. Posez des questions.

Me Labori. — Non, j’ai à expliquer pourquoi j’arrive à une question nouvelle. M. le général de Boisdeffre n’a pas voulu répondre. Je lui ai posé des questions précises. Cependant il a exprimé une conviction. Je dis qu’on ne m’empêchera pas de lui poser une question sur cette conviction ou, sans cela, il sera dit qu’on nous empêchera de faire la lumière.

M. le Président. — Vous plaidez.

Me Labori. — Je conclus. M. le général de Boisdeffre voudrait-il nous dire sur quoi il fonde sa conviction ?

M. le Présidents à M. le général de Boisdeffre. — Pouvez-vous répondre ?

Me Labori. — J’achève ma pensée : est-ce sur les faits qui se sont produits à la date de 1894 ou est-ce sur des faits antérieurs ou postérieurs à cette date ?

M. le Président. — Pouvez-vous répondre ?

M. le général de Boisdeffre. — Si vous me le permettez, je dirai que c’est sur les faits et les débats de 1894, sur le jugement devant lequel je me suis incliné et qui est hors de discussion. J’ajoute qu’il y a eu d’autres faits postérieurs ou antérieurs qui ont, je ne dis pas confirmé — ma conviction n’avait pas besoin de confirmation — mais qui ont assis ma certitude d’une façon inébranlable.

Me Labori. — Je demande acte à la Cour de la déposition de M. le général de Boisdeffre.

M. le Président. — Vous ne pouvez pas demander acte d’une déposition.

Me Labori. — En tout cas, la sténographie aura consigné ses paroles. Elles seront retenues. Encore une dernière question : M. le général de Boisdeffre pourrait-il nous dire s’il sait de qui émanent les communiqués faits à certains journaux, et qui chaque jour, au cours de cette campagne, parlent avec une