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découvert que ce bordereau devait être attribué au commandant Esterhazy dont récriture, avait dit M. Bertillon, était l’identité de l’écriture du bordereau. Le général Gonse écrivit au colonel Picquart, car il se trouvait à cette époque-là — c’était le 7 septembre 1896 — en Seine-et-Oise, à la, campagne, il lui écrivit : « Mon cher Picquart, j’ai beaucoup réfléchi a ce que vous m’avez écrit, continuez votre enquête avec la plus grande circonspection, et surtout pas de bruit, de la prudence ! Je ne crois pas qu’il soit opportun — en parlant des experts en écritures — de mettre encore des tiers dans cette affaire et dans de mauvaises conditions. »

Voilà la première lettre que le général Gonse écrivait au colonel Picquart le 7 septembre.

Mais le colonel Picquart, très inquiet, tourmenté de la découverte qu’il avait faite, certain qu’il y avait eu une erreur, écrivit immédiatement au général Gonse à la date du 8 septembre, c’est-à-dire le lendemain : « Mon général, j’ai reçu votre lettre dont je suivrai scrupuleusement les instructions ;


    entendu, d’éviter la lumière, mais il faut savoir comment on doit s’y prendre pour arriver à la manifestation de la verité.
    Ceci dit, il faut éviter toute fausse manœuvre et surtout se garder de démarches irréparables.
    Le nécessaire est, il me semble, d’arriver en silence, et dans l'ordre d’idées que je vous ai indiqué, à une certitude aussi complète que possible, avant de rien compromettre.
    Je sais bien que le problème à résoudre est difficile, qu’il peut être plein d’imprévu mais c’est précisément pour cette raison qu’il faut marcher avec prudence. Cette vertu ne vous manque pas ; je suis donc tranquille.
    Songez donc que les difficultés sont grandes et qu'une bonne tactique, « pesant à l’avance » toutes les éventualités, est indispensable.
    J’ai l’occasion d’écrire au général de Boisdeffre ; je lui en touche quelques mots dans le sens de ma présente lettre.
    Prudence ! Prudence ! voilà le mot que vous devez toujours avoir devant les yeux.
    Je rentre le 15 au matin ; venez donc me trouver de bonne heure à mon bureau, après que vous aurez vu votre courrier. Je vous serre la main, mon cher Picquart, bien affectueusement. Votre tout dévoué.

    A.Gonse
    Lettre du colonel Picquart.
    Paris, 14 septembre 1896.
    Mon Général,

    Le 8 septembre, j’avais l’honneur d’attirer votre attention sur le scandale que certaines gens menaçaient de faire éclater sous peu, et je me permettais de vous dire qu’à mon avis, si nous ne prenons pas l’initiative, nous aurons sur le dos de grands ennuis.

    L'article de l'Eclair que vous trouverez ci-joint, me confirme malheureusement dans mon opinion. Je vais rechercher avec soin qui a pu lancer la bombe

    Mais je crois devoir affirmer encore une fois qu’il faut agir sans retard. Si nous attendons encore, nous serons débordés, enfermés dans une situation inextricable et nous ne trouverons plus les moyens « d’établir la vérité vraie ».

    G.PICQUART.