Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/107

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rendait à l’opinion du colonel Picquart, qui préparait une revision du procès.

Il me semble indispensable, monsieur le Président, pour éclairer MM. les membres du jury, que je donne connaissance de cette correspondance, que je leur en fasse la lecture.

M. le Président. — Non, cela n’est pas possible.

Me Labori. — Si, monsieur le Président. Je vous demande très respectueusement, et je m’excuse vis-à-vis de M. Scheurer-Kestner d’intervenir avant qu’il ait fini sa déposition, je vous demande, dis-je, très respectueusement, La permission de prendre la parole.

M. Scheurer-Kestner a, j’imagine, entre les mains, puisqu’il en parle et qu’il en offre la lecture, les lettres de M. le général Gonse auxquelles il fait allusion ; M. Scheurer-Kestner est ici devant la justice ; dans la mesure où cela nous est permis, la lumière doit être faite d’une manière complète, je m’associe donc entièrement au sentiment de M. Scheurer-Kestner, qui estime qu’il est indispensable de verser aux débats les lettres dont il s’agit. Je fais observer ici que, comme ces lettres n’étaient pas détenues par M. Emile Zola au moment où il a été obligé de faire dans les cinq jours du jour de la citation la notification exigée par la loi à M. le Procureur général, il ne lui a pas été possible d’en notifier copie ; il a fait à M. le Procureur général, et il s’adressait à lui en sa qualité de représentant du plaignant, sommation de mettre ces lettres aux débats ; par là, il s’est mis en règle, dans toute la mesure du possible, avec l’article 52 la loi de 1881. On a différé jusqu’à présent la publication de ces lettres, par un sentiment de discrétion et de réserve auquel on ne peut que rendre hommage, comme on rend hommage au courage qui amène un homme comme M. Scheurer-Kestner à sortir, seulement devant la justice, de la discrétion et de la réserve que, pour l’humanité, il ne s’est peut-être imposées que trop longtemps ; mais aujourd’hui la lumière se fera, il n’est jamais trop tard pour cela. (Mouvements divers.)

J’ai donc l’honneur de déposer des conclusions tendant...

M. le Président. — Oh !

Me Labori. — Oh ! monsieur le Président, si vous saviez, en tant qu’homme du monde, combien je suis malheureux de vous faire souffrir...

M. le Président. — Permettez-moi de vous dire, avant de déposer ces conclusions, que ce n’est pas possible. Vous savez que le témoin ne doit lire aucune pièce dans le cours de sa déposition ; vous savez également que toutes les pièces écrites et qui doivent vous servir doivent être notifiées dans les cinq jours de la citation à M. le Procureur général. Cela est en toutes lettres dans la loi de 1881.

Me Labori. — Permettez, monsieur le Président, les questions de droit ne sont pas si simples ; nous nous en expliquerons s’il est nécessaire, et la Cour nous jugera.