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On a donc simplement blasonné pour de Clere et Maguerel : d’argent à une fasce de Paesle, sans indiquer la couleur de cette fasce. C’est la preuve certaine que le Paillé devait être regardé comme un émail, ainsi que nous l’avons tout de suite dit en commençant. Cependant les traités héraldiques ont omis de le mentionner et de le classer comme tel. Mais, par ce qui précède, on a déjà deviné que cet émail ne pouvait être qu’une panne. On va en acquérir immédiatement la certitude.

L’exemple ci-dessus de Paillé, venu de Palla et non de palea qui fait naturellement songer aux paillettes[1] d’or, montre combien il est indispensable, pour arriver à découvrir l’origine des choses, de rechercher avant tout les étymologies et de suivre l’historique des mots qui les désignent. À cette fin, le Dictionnaire de basse latinité de du Cange est toujours bon à consulter pour ce qui concerne l’époque du moyen-âge. Voici quelques-unes de ses définitions :

Diasprus, Panni pretiosoris species.

Pallea, Aulæum, vel potius pannus sericus.

Palliatus, Pallio seu aulæo, vel potius panno serico indutus, coopertus.

Pannus Diaspretus, Panni pretiosioris species, Diaspré.

Déjà plus de doute, le Diaspre ou Diapré et le Paillé étaient des pannes de soie fort précieuses.

Par conséquent, au lieu de dire qu’il y a en Blason deux pannes ou fourrures qui sont l’Hermine et le Vair, les grammaires héraldiques eussent fait tout aussi bien d’enseigner qu’il y avait une panne ou très riche étoffe de soie : le Paillé, et deux fourrures ou doublures : l’Hermine et le Vair.

Ou encore, trois pannes : le Paillé, étoffe de soie de grande valeur ; l’Hermine et le Vair, fourrures ou étoffes velues.

Car nous n’ignorons pas que les fourrures se sont réellement

  1. Littré pour l’étymologie n’a point fait de différence entre le paillé du Blason, qu’il ne pouvait connaître que bien imparfaitement puisque les héraldistes eux-mêmes le connaissaient si mal, et le participe passé du verbe pailler, dérivé de paille, palea.