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long temps a la Conqueste de Hierusalem, et neantmoins dautant qu’il pourra contenter les curieux, et servir à ceux qui traitent des histoires, ou bien souvent les moindres choses servent beaucoup, i’ay bien voulu le donner au public. »

De fait, ce Catalogue n’est, paraît-il, que la reproduction de l’Armorial, de 1396, du héraut Navarre (Thomas Carbonnel) qui donne pour notre province les noms de 300 chevaliers ayant vécu à cette date et ceux de 160 de leurs cadets et juveigneurs. La Bibliothèque Nationale possède cinq exemplaires de cet Armorial. M. Paul de Farcy, auteur des Sources d’un Nobiliaire de Normandie, les a collationnés avec soin et se propose de publier un jour le texte qu’il a pu, de la sorte, établir aussi exactement que possible[1].

Cependant, les noms qui figurent sur ce Catalogue ont été de nouveau publiés ordinairement suivis de la mention : (Manuscrits de la Bibliothèque Royale) par P. Roger dans la Noblesse de France aux Croisades (1845). Nous l’avons constaté pour les gentilshommes Normands au moyen d’un minutieux pointage. Sur les 450, une dizaine seulement, représentant 3 ou 4 familles, manquent à l’appel.

Il est assez difficile de reconnaître le mot actuel de Paillé, dans le Paesle, employé cinq fois, ou Paeslé, une fois seulement, dans le susdit Catalogue, car ces derniers mots ne peuvent se prononcer que Palle ou Pallé. La meilleure preuve, c’est que le même auteur écrit aussi indifféremment Paesle, Paeslé, et Paaslé pour Palé (couvert de Pals ou de Paux). Il y a donc eu corruption du mot primitif et nous voyons dans le premier Paesle ou Palle, devenu Paillé, le mot latin de Palla au sens d’écharpe, de tenture ou de tapisserie (voir le dictionnaire latin-français de Quicherat). — Quant au second Paesle ou Pal, il vient de palus, pieu[2].

  1. Annuaire du Conseil Héraldique de France de 1893 — p. 215-216.
  2. Dans son Dictionnaire Héraldique publié en 1861, par l’abbé Migne, éditeur de la Bibliothèque universelle du clergé, Charles Grandmaison, archiviste paléographe, passe sous silence le Paillé et le Diapré et donne à tort au mot de Pal l’étymologie que nous attribuons justement à celui de Paillé.