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fûmes tout de suite frappé de la ressemblance de ce dessin avec celui du Paillé des barons de la Roche-Tesson dont nous possédons un spécimen certain. Dès lors, encore moins de doute possible.

Cette Revue féminine, c’est Le Moniteur de la Mode, qui a donné, en 1893, à la page 400, le croquis d’un tissu du treizième siècle, trouvé dans le tombeau de Raoul de Beaumont à Angers. On y remarque des annelets, reliés entre eux par des fleurons et renfermant l’un un léopard, l’autre une aiglette. L’espace entre quatre grands annelets est rempli par une fleur de lis.

Et on lit dans le texte (article intitulé Le Home par R. Delafontaine) :

« C’est vers les tapisseries et les tissus que se porte le luxe de l’époque. Ces produits, d’origine musulmane, que l’on désignait alors sous le nom d’ouvrages sarrasinois, nous sont envoyés d’Orient par l’intermédiaire des ports de l’Adriatique et de la Méditerranée. On les emploie à décorer les murs des hautes salles seigneuriales ; et pendant les solennités publiques, on les suspend aux façades ou dans l’intérieur des églises. »

« Les tissus de soie brodée d’or et d’argent servent aux bannières, aux caparaçons et aux vêtements. »

D’après la manière dont ce fragment de tissu a été gravé, il paraît être de cinq ou six couleurs ou nuances différentes :

Fond de l’étoffe Traits parallèles espacés. Nuance claire
Dedans des annelets ou médaillon ondés un peu plus foncée
Annelets ou cercles à bâtons rompus plus foncée
Fleurs de lis parallèles serrés foncée
Aiglettes et Léopards croisés très foncée

Nous négligeons les petits détails.

Ces différences de teintes, bien accentuées, ne donnent point précisément tort à la définition du Diapré par le Père Menestrier dans sa Nouvelle méthode raisonnée du Blason : « Le Diapré se dit des fasces, paux et autres pièces bigarrées de diverses couleurs. »

Les peaux d’hermines s’apportaient aussi des pays appartenant aux Sarrasins, comme on le voit dans la chronique manuscrite de Bertrand du Guesclin :

Vestus moult noblement de sendaure et d’orfrois,
Et de beaus dras ouvers d’Hermins Sarazinois.