Page:Le père Latuile, ou Le cabaret de la barrière Clichy, 1836.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 28 —

LATUILE.

C’est encore toi, oiseau de mauvais augure ; je gage que tu viens nous annoncer quelque chose de fâcheux.

CÉSAR.

Au contraire, mon oncle, c’est le plus grand des bonheurs, Paris…

LATUILE.

Se lève en masse.

CÉSAR.

Du tout ; Paris a capitulé.

TOUS, se levant.

Capitulé !

(Latuile semble anéanti.)
CÉSAR.

J’viens d’voir l’hussard qu’en a apporté la nouvelle à la barrière, un chamboran… Demain, à neuf heures, les alliés feront leur entrée dans Paris ; il doit en passer par not’barrière, plus de dix-huit cent mille.

JULIEN.

Je réponds bien que je ne borderai pas la haie sur leur passage.

CÉSAR.

Quel orgueil puéril ! (S’accrochant de la porte du cabaret). Allons, marmitons, à l’ouvrage, la journée sera fameuse.

LATUILE, le saisissant par le bras.

César, qu’est-ce que tu fais là ?

CÉSAR.

Mon oncle, je prépare à dîner pour les dix-huit cent mille bouches qui s’approchent ; notre fortune est faite…

LATUILE.

Pour les ennemis de ton pays, malheureux ! tu les aimes donc ?