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ça au premier poste français que tu trouveras sur la route de Saint-Ouen.

CÉSAR

Toujours des dilapidations ; mais père Latuile, vous n’y songez pas, vous vous compromettez, vous et toute votre famille.

LATUILE

Je me compromets, qu’est-ce que tu me chantes là ?

CÉSAR

Je ne chante pas. Quand les alliés arriveront ici, ils nous pilleront sans miséricorde, pour avoir nourri l’armée française.

LATUILE

Sois tranquille, ils n’y sont pas encore, et d’ailleurs, je sais un bon moyen d’échapper au pillage.

CÉSAR

C’est possible ; mais alors vous n’aurez plus rien à vendre aux vainqueurs, ça consomme beaucoup les vainqueurs, et ça paye…

LATUILE

Avec notre argent.

CÉSAR

Du tout, avec la monnaie de leur pays. On me l’a dit hier, encore, il y a un calmouck qui a acheté à Saint-Denis deux livres de tabac, qu’il a bel et bien payées… en roupies.

LATUILE

N’importe, ils ne tâteront de nos provisions ni pour or, ni pour argent.

CÉSAR, à part.

Vieux fanatique.

(Il rentre dans la maison.)