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Ils arriv’nt au pas d’charge, ce sont bien les Français
On démonte un cosaque, je l’entraîne dans un coin
Pour fair’le coup de poing.
Pan, pan, pan, pan, les armes tonnent…
Pan, pan, pan, les calott’s résonnent…
Bientôt par la barbe saisi,
Mon cosaqu’demande merci…
Mais quel affreux péril
Par un’chance fatale,
Je reçus une balle
Dans le flanc… d’mon baril…
(Montrant le trou de la balle).
Voyez !…
Malgré cet accident funeste
Enfin la victoire nous reste,
Et si mon cognac s’est enfui,
Mon cosaque a fait comme lui.

CÉSAR

Dieu du ciel ! est-il crâne ce père Latuile… un sexagénaire, aller s’exposer comme ça.

LATUILE

Bah ! ça m’a rajeuni de vingt ans… ah ! ça, c’n’est pas tout… j’ai promis à mes braves compagnons d’armes de leur envoyer des vivres, ils sont à jeun depuis vingt-quatre heures. Dis-moi, Charlotte, avons-nous encore des provisions ?

CHARLOTTE

Oui, mon père.

LATUILE, à César.

Allons, avance à l’ordre, toi. Tu vas prendre du pain, du vin, des jambons, des saucissons, ce que nous avons de meilleur, et tu porteras tout