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CHARLOTTE

Bonne chance, dragon.

LE DRAGON, s’arrêtant au fond.

Dites de ma part, au père Latuile, que c’est un brave Français.

(Il sort.)
CHARLOTTE

Dam ! au moment du danger, chacun doit faire ce qu’il peut… Morbleu !… si j’étais homme, moi… les Russes en verraient d’belles…

LE GRENADIER
Air du Piège
Ah ! mon cœur saigne en y songeant ;

Eh, quoi !… ces odieuses cohortes,
Qu’nos soldats battir’nt si souvent
De Paris assiègent les portes…
S’ils entr’nt, en tout cas, mes enfants,
Avec nous ils ne s’ront pas quittes ;
Car nous leur avons, d’puis vingt ans,
Rendu diablement de visites !

Ah ! ça, camarades… grâce à cette bonne petite mère, nous v’là suffisamment restaurés. Allons reprendre la conversation là-bas…

(Les soldats reprennent leurs armes, et se disposent à sortir.)
CHARLOTTE, aux paysannes.

Et vous, bonnes gens, rentrez dans Paris ; vous serez plus en sûreté qu’ici…

(Chacun se lève, et reprend ses paquets, etc.)
TOUS
Air de la Fiancée
Amis, le devoir nous appelle,

Aujourd’hui redoublons de zèle,
Car il faut vaincre ou mourir.

(Charlotte leur distribue encore des provisions et