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LE GRENADIER, au dragon.

Eh bien ! camarade, vous venez du quartier général… quelles nouvelles ?

LE DRAGON

Excellentes, mon vieux… prenez, voilà le dernier bulletin officiel.

CHARLOTTE, le prenant.

Voyons… (Elle lit.) « 28 mars 1814, l’empereur est parti ce matin de Fontainebleau, avec 20 000 hommes de garde… Il marche sur Paris. »

LE DRAGON

Les Russes sont pris entre deux feux…

CHARLOTTE, avec joie.

Vive l’empereur !…

TOUS, se relevant avec joie.

Vive l’empereur !…

LE DRAGON, à Charlotte.

Allons, la p’tite mère, un verre de vin, et à cheval, je suis envoyé à l’état-major, pour demander des munitions. Nous sommes à jeun de cartouches, là-bas !

CHARLOTTE, lui versant à boire.

Tenez, mon brave !…

LE DRAGON, buvant.

Merci !… (lui offrant une pièce de monnaie). Payez-vous, la belle enfant.

CHARLOTTE

Laissez donc… Aujourd’hui, nous donnons tout gratis… C’est l’ordre du jour chez l’père Latuile, aussi n’vous en faites pas faute, et dites à tous vos camarades qu’ils trouv’ront ici des vivres et du vin à discrétion.

LE DRAGON

Alors, un p’tit baiser…ça m’portera bonheur. (Il l’embrasse). Adieu, la belle enfant…