Page:Le moyen de parvenir, tome 1 (Béroalde de Verville, éd. 1896).djvu/84

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de la noble antiquité, qui ſe jouoit ſi joliment. Confuz ſoient ces inuenteurs de nouueautez, qui gaſtent la jeuneſſe, & contre les bonnes couſtumes troublent nos jeux. N’eſt ce point au jeu où l’ame ſe dilate pour faire voir ſes conceptions ? Si vn diable jouoit auec vous il ne ſe pourroit feindre, il vous feroit voir ſes cornes. Mais qu’eſt ce que jouer ? c’eſt ſe delecter ſans penſer en mal. Beaucoup de maux ſont auenus à cauſe de ce changement, qui troublera l’intelligence des hiſtoires, & gauchira toute la mappe-monde. Voyez combien deſia en ſont venus de troubles, guerres, maux, veroles & telles petites mignardiſes qui chatouillent malheureuſement les perſonnes pour les faire rire. Tant de ſages qui eſtudient aux auantures attribuent tels effects à d’autres cauſes, comme au retranchement des dix jours, depuis quoy on n’a fait vendanges que par rencontre de ſaiſon, aux pullulations d’hereſies, depuis leſquelles les boſſes n’ont peu eſtre plattes, aux reuoltes des grands qui ſont occaſion que fillettes ont hanté les cloiſtres, & les menagers les tauernes, aux hauſſements des tailles, durant quoy les vieilles gens ne font que rechigner, & infinitez autres ſotiſes, dont ie ne ſuis point controlleur, dautant qu’il ne m’appartient pas d’entreprendre ſur vous. Et bien en cet excellent periode il auint ce que vous ſçauez, & ie vous iure ſans iurer, que tout eſt vray. Si vous me preſſez ie vous defonceray trois ou quatre ruades toutes brodees de cremoify, & iureray comme vn homme, ou bien ie priray mon