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vages, en partie par l’inutilité de leurs poursuites, en partie satisfaits de leurs prises, se retirèrent ; le peu qui resta fut aisément dissipé. Les anglais continuèrent tranquillement leur route jusqu’au fort Lydis, où ils n’arrivèrent d’abord qu’au nombre de trois ou quatre cens. J’ignore le nombre de ceux qui ayant gagné les bois, furent assez heureux pour sy rendre à la faveur du canon qu’on eut soin de tirer pendant plusieurs jours pour les guider. Le reste de la garnison n’avait cependant pas péri par le fer, et ne gémissait pas non plus sous le poids des chaînes. Plusieurs avaient trouvé leur salut dans les tentes françaises ou dans le fort. Ce fut là où je me rendis, après que le désordre fut une fois appaisé. Une foule de femmes éplorées vinrent en gémissant m’environner. Elles se jetaient à mes genoux ; elles baisaient le bas de ma robe, en poussant de temps-en-temps des cris lamentables qui me perçaient le cœur. Il n’était pas en moi de tarir la cause de leurs pleurs ; elles redemandaient leurs fils, leurs filles, leurs époux dont elles déploraient l’enlèvement. Pouvais-je les leur restituer ? L’occasion du moins ne tarda pas à se présenter de diminuer le nombre de ces misérables ; je l’embrassai avidement. Un officier français m’avertit qu’un Huron actuellement dans son camp était en possession d’un enfant de six mois, dont la mort était assurée, si je n’accourais sur-le-champ à sa délivrance. Je ne balançai point. Je courus en hâte à la tente