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les mille nuits et une nuit

tué mon enfant ! » Et le marchand lui dit : « Comment ai-je tué ton enfant ? » Il lui dit : « Quand, les dattes mangées, tu jetas les noyaux, les noyaux vinrent frapper mon fils à la poitrine : alors c’en fut fait de lui et il mourut à l’heure même. » Alors le marchand dit à l’éfrit : « Sache, ô grand éfrit, que je suis un croyant, et que je ne saurais te mentir. Or, j’ai beaucoup de richesses, et j’ai aussi des enfants et une épouse ; de plus, j’ai chez moi des dépôts qui me furent confiés. Permets-moi donc de m’en aller à ma maison, que je puisse donner à qui de droit son droit : cela fait je reviendrai vers toi. Ainsi tu as ma promesse et mon serment que je retournerai ensuite près de toi. Et alors tu feras de moi ce que tu voudras. Et Allah est garant de mes paroles ! » Alors le genni eut confiance et laissa partir le marchand.

Et le marchand revint dans son pays, se défit de toutes ses attaches, et fit parvenir les droits à qui de droit. Puis il révéla à son épouse et à ses enfants ce qui lui était arrivé : et tous se mirent à pleurer, les parents, les femmes et les enfants. Ensuite le commerçant fit son testament ; et il resta avec les siens jusqu’à la fin de l’année ; après quoi il résolut de repartir et, prenant son linceul sous son aisselle, il lit ses adieux à ses proches, à ses voisins et à ses parents, et s’en alla en dépit de son nez. Alors on se mit à se lamenter sur lui et à pousser des cris de deuil.

Quant au commerçant, il continua à voyager, et il arriva au jardin en question ; et ce jour-là était le premier jour de la nouvelle année. Or,