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les mille nuits et une nuit

lit aux bras de Sett El-Hosn, s’étendit épuisé et tomba dans un lourd sommeil, veillé par Sett El-Hosn, qui l’entendait murmurer, dans le sommeil, tantôt ces mots : « C’est un rêve ! » tantôt ces mots : « Non ! c’est la réalité ! »

Avec le matin, le calme revint dans les esprits de Hassan Badreddine qui, en se réveillant, se retrouva dans les bras de Sett El-Hosn et vit devant lui, debout au pied du lit, son oncle le vizir Chamseddine, qui aussitôt lui souhaita la paix. Et Badreddine lui dit : « Mais n’est-ce point toi-même, par Allah ! qui m’avais fait lier les bras et qui avais fait ruiner ma boutique ? Et tout cela à cause de la petite quantité d’aromates dans le plat de grains de grenade ? »

Alors le vizir Chamseddine, n’ayant plus aucune raison de se taire, dit :

« Ô mon enfant, voici la vérité ! Tu es Hassan Badreddine, mon neveu, le fils de mon défunt frère Noureddine, le vizir de Bassra ! Et moi, je ne t’ai fait souffrir tout ce traitement que pour avoir une preuve de plus de ton identité et m’assurer que c’est bien toi qui es entré dans le lit de ma fille, la première nuit de ses noces. Et cette preuve, je l’ai eue en te voyant reconnaître (car j’étais caché derrière toi) la maison et les meubles, puis ton turban, tes culottes et ta bourse, et surtout l’étiquette de la bourse et le pli cacheté du turban qui contient les instructions de ton père Noureddine. Tu m’excuseras donc, mon enfant ! car je n’avais que ce moyen en mains pour te reconnaître, moi qui ne t’avais jamais vu auparavant, puisque tu es né à Bassra ! Ah ! mon enfant ! tout cela est dû à un petit malentendu, survenu tout