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histoire du vizir noureddine…
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vieux brave homme !… Mais oui ! mais oui ! ce n’est point un songe ! J’ai fait un plat de grains de grenade qui, paraît-il, ne contenait pas suffisamment d’aromates !… Et alors !… Voyons !… Ai-je bien rêvé tout cela ? Et n’est-ce point la réalité ?… »

Alors Sett El-Hosn s’écria : « Mon chéri, vraiment quel songe extraordinaire tu as fait ! De grâce, dis-le-moi en entier ! »

Et Hassan Badreddine, tout en s’interrompant pour s’exclamer, raconta à Sett El-Hosn toute l’histoire, songe ou réalité, depuis le commencement jusqu’à la fin. Puis il ajouta : « Et dire que j’ai failli être crucifié ! Et je l’aurais déjà été, si, heureusement, le rêve ne s’était dissipé à temps. Allah ! je suis encore tout en sueur de cette caisse !

Et Sett El-Hosn lui demanda : « Mais pourquoi voulait-on te crucifier ? » Il répondit : « Mais toujours à cause du peu d’aromates dans le plat des grains de grenade ! Oui ! le pilori terrible était là qui m’attendait avec le chariot traîné par une paire de buffles du Nil ! Mais enfin, grâce à Allah, tout cela n’était qu’un rêve, car vraiment la perte de ma boutique de pâtisserie, ruinée de fond en comble, comme ça, m’aurait causé énormément de peine ! »

Alors Sett El-Hosn, n’en pouvant plus, s’élança du lit, et vint se jeter au cou de Hassan Badreddine et le pressa contre sa poitrine en l’embrassant et le dévorant de baisers. Et lui, n’osait pas bouger. Et tout à coup il s’écria : « Non ! non ! tout cela n’est point un rêve ! Allah ! où suis-je ? où est la vérité ? »

Et le pauvre Hassan, transporté doucement au