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les mille nuits et une nuit

aller au cabinet d’aisances pour faire quelque chose. Et tu as tardé là près d’une heure ! Oh ! je vois que tu dois être indisposé ! Viens donc, que je te réchauffe, viens, mon ami, viens, mon cœur, mes yeux ! »

Mais Badreddine continua à rire comme un fou, puis il dit : « Peut-être dis-tu vrai ! Pourtant… ! j’ai donc dû certainement m’endormir au cabinet d’aisances, et là, tout tranquillement, faire un songe fort désagréable ! » Puis il ajouta : « Oh oui ! fort désagréable ! Imagine-toi que j’ai rêvé que j’étais quelque chose comme cuisinier ou pâtissier dans une ville nommée Damas, en Syrie, très loin ! Oui ! et que j’y ai passé dix ans dans ce métier ! J’ai rêvé aussi d’un jeune garçon, un fils de noble assurément, accompagné d’un eunuque ! Et il m’est arrivé avec eux telle et telle aventure… » Et le pauvre Hassan, sentant la sueur mouiller son front, l’essuya, mais, dans ce mouvement, il sentit la trace de la pierre qui l’avait blessé, et il sauta en criant : « Mais non ! Voici la trace d’un coup de pierre asséné par cet enfant ! Il n’y a pas à dire, cela est bien violent ! » Puis il réfléchit un instant et ajouta : « Ou plutôt non ! C’est bien un rêve en effet ! Ce coup est peut-être un coup que j’ai reçu tout à l’heure de toi, Sett El-Hosn, dans nos ébats ! » Puis il dit : « Je te continue mon songe. Dans cette ville de Damas, j’arrivai, je ne sais comment, un matin, là, comme tu me vois, en chemise seulement et en bonnet blanc ! Le bonnet du bossu ! Et les habitants ! je ne sais trop ce qu’ils me voulaient ! J’héritai, comme ça, de la boutique d’un pâtissier, un