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histoire du vizir noureddine…
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vizir et lui dit : « Ordonne ! de qui veux-tu te saisir ? » Il répondit : « C’est simplement d’un pâtissier du souk ! » Et le gouverneur dit : « Rien n’est plus facile ! » Et il ordonna à ses gardes d’aller prêter main forte aux gens du vizir. Le vizir prit alors congé du lieutenant-gouverneur, et revint sous les tentes.

Quant à Hassan Badreddine, il vit arriver à lui tous ces gens armés de bâtons, de pioches et de haches, qui envahirent sa boutique, et mirent tout en pièces, et renversèrent par terre toutes les pâtisseries et les sucreries, et démolirent toute la boutique ; puis ils se saisirent de l’effaré Hassan, et le ligotèrent avec la toile de son turban, sans prononcer un mot. Et l’effaré Hassan pensait : « Allah ! ce doit être le plat de grenades qui est la cause de tout cela ! Qui sait ce qu’ils ont pu y trouver ! »

On finit donc par emmener Hassan sous les tentes, devant le vizir. Et Hassan Badreddine pleura beaucoup et s’écria : « Seigneur ! quel crime ai-je pu commettre ? » Le vizir lui demanda : « C’est bien toi qui as apprêté ce plat de grenades ? » Il répondit : « Oui, mon seigneur ! Auriez-vous trouvé dans ce plat quelque chose qui dût me faire trancher la tête, par hasard ? » Et le vizir répondit avec sévérité : « Te trancher la tête ? Mais ce serait le châtiment le plus doux ! Attends-toi à bien pis ! Tu vas voir ! »

Or, le vizir avait dit aux deux dames de le laisser agir à sa guise ; car il ne voulait leur rendre compte de ses recherches que seulement à son arrivée au Caire.

Il appela donc ses jeunes esclaves et leur dit : « Faites venir ici un de nos chameliers. Et apportez