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histoire du vizir noureddine…
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dit : « Par Allah ! grand’mère, ton plat n’a pas le fini désirable. Il manque un peu de sucre. Et puis ça n’est pas ça. Si tu savais ! Nous venons, je te l’avoue, de faire la connaissance, dans le souk (mais ne le dis pas à grand-père et à ma mère) d’un pâtissier qui nous a offert de ce même plat. Mais… Rien qu’à son fumet on sentait le cœur se dilater de plaisir ! Et quant à son goût, c’était si délicieux qu’il aurait mis en appétit même l’âme d’un individu atteint d’indigestion ! Et quant à ta préparation, en vérité, on ne saurait la comparer à l’autre ni de près ni de loin, et en aucune façon, vraiment, grand’mère ! »

À ces paroles, grand’mère fut dans une colère considérable, et jeta un regard de travers sur l’eunuque et lui dit…


— Mais, à ce moment de sa narration, Schahrazade vit s’approcher le matin et, discrète, arrêta son récit.

Alors sa sœur, la jeune Doniazade, lui dit : « Ô ma sœur, que tes paroles sont douces et agréables, et que ce conte est délicieux et charmant ! »

Et Schahrazade lui sourit et dit : « Oui, ma sœur, mais qu’est cela comparé à ce que je vous raconterai à tous deux la nuit prochaine, si je suis encore en vie, par la grâce d’Allah et le bon plaisir du Roi ! »

Et le Roi dit en son âme : « Par Allah ! je ne la tuerai point avant d’avoir entendu la suite de son histoire, qui est une histoire merveilleuse et étonnante extrêmement, en vérité ! »

Puis le roi Schahriar et Schahrazade passèrent tous deux le reste de la nuit, enlacés jusqu’au jour.

Alors le roi Schahriar sortit vers la salle de sa justice ;