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les mille nuits et une nuit

Ô tombeau ! par Allah, dis-moi ! la beauté, les charmes de mon ami sont-ils effacés ! S’est-il à jamais évanoui, ce spectacle réjouissant de sa beauté ?

Ô tombeau ! certes tu n’es ni le jardin des délices ni le ciel élevé ; mais, dis-moi ! alors comment se fait-il que je vois dans ton intérieur briller la lune et fleurir le rameau ?

Alors le vizir Chamseddine entra. Il salua sa belle-sœur avec le plus grand respect, et lui apprit qu’il était le frère de Noureddine, son époux. Puis il lui raconta toute l’histoire, et comment son fils Hassan, à elle, avait couché une nuit avec sa fille Sett El-Hosn, comment il avait disparu au matin, et enfin comment Sett El-Hosn avait été engrossée et avait accouché d’Agib. Puis il ajouta : « Agib est venu avec moi. C’est ton enfant, puisqu’il est le fils de ton fils par ma fille. »

La veuve, qui s’était tenue assise jusqu’à ce moment comme une femme en grand deuil qui a renoncé aux usages du monde, à cette nouvelle que son enfant était vivant, que son petit-fils était là, et que c’était bien là, en effet, son beau-frère Chamseddine le vizir d’Égypte, se leva vivement et se jeta à ses pieds en les embrassant, et récita ces deux strophes en son honneur :

Par Allah ! comble de dons celui qui vient de m’annoncer cette nouvelle heureuse, car il m’a annoncé la nouvelle la plus heureuse et la meilleure de celles entendues !

Et s’il veut accepter et se contenter de cadeaux, je