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les mille nuits et une nuit

suivre jusqu’aux tentes, nous saurons alors que vraiment c’est moi qu’il est en train de suivre, et nous ne manquerons pas de le chasser ! » Puis Agib baissa la tête et continua sa route, et l’eunuque derrière lui à quelques pas.

Quant à Hassan, il continua à les suivre jusqu’au Midan de Hasba, là où étaient dressées les tentes. Alors Agib et l’eunuque se retournèrent et le virent à quelques pas derrière eux. Aussi Agib, cette fois, se fâcha et craignit fort que l’eunuque n’allât raconter tout au grand-père : qu’Agib était entré dans la boutique d’un pâtissier et que le pâtissier avait ensuite suivi Agib ! À cette idée qui le terrifia, il prit une pierre, regarda Hassan qui était debout, immobile dans une contemplation et dont les yeux avaient une lueur étrange ; et Agib, pensant que cette flamme des yeux du pâtissier était une flamme équivoque, fut encore bien plus furieux, et, de toutes ses forces, il lança la pierre sur lui, et l’atteignit gravement au front ; puis Agib et l’eunuque se hâtèrent vers les tentes. Quant à Hassan Badreddine, il tomba à terre, évanoui, et eut la figure toute couverte de sang. Mais heureusement il ne tarda pas à revenir à lui-même, et il étancha son sang, et, déchirant un lambeau de l’étoffe de son turban, il se banda le front. Puis il se mit à se réprimander et se dit : « En vérité, c’est bien de ma faute ! J’ai agi d’une façon inconsidérée en fermant ma boutique, et d’une façon incorrecte en suivant ce bel enfant et lui donnant ainsi à penser que je le suivais pour des motifs équivoques ! » Puis il soupira : « Allah karim »[1] et

  1. Dieu est généreux !